A nous la liberté : 5 recettes de sagesse pour libérer sa carrière

Céline Husétowski

[Livre] Savoir admirer, ne pas faire de drame de tout combat, continuer à avoir des projets… Le trio Alexandre Jollien, Christophe André et Matthieu Ricard explore les pistes pour se débarrasser de ses conditionnements intérieurs. Un dialogue de 592 pages dont on a tiré 5 recettes pour prendre de la hauteur au boulot. Libératoires !
A nous la liberté : 5 recettes de sagesse pour libérer sa carrière

Vous avez aimé « Trois amis en quête de sagesse », vendu à plus de 300 000 exemplaires ? Voici la suite par le même trio Alexandre Jollien, Christophe André et Matthieu Ricard. Le psy, le philosophe et le moine s’étaient retrouvés pour des vacances à la montagne avec l’idée de tout couper mais pas d’écrire. Sauf que les trois compères n’ont pas pu résister à l’envie de laisser une trace de leurs échanges au coin du feu. Résultat : un dialogue de 592 pages, riches en références philosophiques, psychologiques et spirituelles, utiles à notre « quête de progrès intérieur ».

 

Voici 5 idées tirées du livre et qui peuvent inspirer la vie professionnelle : 

 

1-   Ne pas faire drame de tout combat

Vous passez une mauvaise journée et vous n’arrêtez pas de ruminer. Pourtant vous savez quelles stratégies adopter pour stopper ces pensées, mais vous ne le faites pas.

Qu’est-ce qui dysfonctionne ?

Vous êtes en pleine crise d’acrasie. Confronté à une « faiblesse de votre volonté » – ou à vos « dragons intérieurs » comme les appelle joliment Alexandre Jollien –, vous agissez à l'encontre de votre meilleur jugement et êtes « incapables d’affronter la difficulté », selon le psychiatre, Christophe André.

Comment réagir ?

Sachant que « notre mental est conditionné pour exagérer », dixit le moine Matthieu Ricard, envoyez à votre cerveau un message pour lui rappeler le côté éphémère des situations. Du type :

 

C’est le bordel mais il n’y a pas de problème.

(Alexandre Jollien)

« Je contemple le champ de bataille, et je me dis : « OK, attends, reste calme, ne perds pas le nord, tout ça va se calmer, la situation va évoluer, fais juste de ton mieux pour garder le cap… », illustre Christophe André.

 « Ce qui plombe, c’est précisément d’oublier que tout passe, même les tuiles qui nous tombent dessus, les quintes passionnelles, les tourments de l’âme. C’est fou comme les scénarios catastrophiques peuvent se déchaîner », écrit Alexandre Jollien, le philosophe.

Les conseils : Ne pas faire drame de tous combats, des rechutes, des faux pas. Se décentrer pour éviter de prendre les problèmes frontalement. Repérer les états mentaux et les émotions perturbatrices et identifier les antidotes appropriés. Continuer à avoir des projets car l’acrasie se nourrit de l’absence de projet.

 

2-   Faire la chasse aux « Moi, je »

A force d’être trop centré sur soi « on finit par instrumentaliser les autres », apprend-t-on.

Comment se décentrer ?

En pratiquant au quotidien l’attention aux autres. Par exemple, lorsqu’on raconte ses malheurs à ses collègues au déjeuner ou à la pause-café, l’exercice consiste à « se surveiller pour limiter son temps de parole égotique (…) puis vite redonner la parole à l’expérience des autres », écrit Christophe André. « Dans la vie, l’égocentrisme est un appauvrissement parce que tout ramener à sa petite prison constitue une autolimitation de son potentiel », renchérit Matthieu Ricard.

 

Ce n’est pas moi ou les autres, c’est moi et les autres.

 (Christophe André)

À l’inverse, vous pouvez aussi avoir la sensation de trop donner d’attention à vos collègues et de ne pas en recevoir. « La générosité, la compassion, le don de soi ne saurait être une affaire d’expert-comptable, de retour sur investissements », explique Alexandre Jollien. Mais généralement, « vous êtes gagnant à 100 % car [l’altruisme] est un état d’esprit éminemment gratifiant en soi », ajoute-t-il.

Les conseils : Se montrer attentif aux autres et faire la chasse aux « moi, je », éviter de trop s’étaler sur soi et demander des nouvelles de l’autre.

 

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3-   Accepter de s’égarer pour se retrouver

Si vous vous sentez parfois perdu sur votre chemin professionnel, c’est que vous vous êtes égaré. Pour Christophe André, on est égaré « soit parce qu’on n’a pas défini de chemin, soit parce qu’on n’a pas défini de bon objectif, soit parce qu’on ne s’y est pas pris de la bonne façon. Ce qui mène à la désorientation », explique-il. L’égarement peut vite devenir une habitude car « on préfère un chemin inadéquat à pas de chemin du tout, ça permet d’exister. »

 

Gare au loup sur votre chemin !

 (Christophe André)

 

Comment retrouver le chemin ?

S’affranchir de ses habitudes est compliqué. Alors Christophe André formule une solution étonnante : « Bien que thérapeute, je pense que dans toute guérison, à un moment donné, il y a un acte de foi : on lâche ses certitudes négatives pour se jeter dans le vide, pour saisir le trapèze que tend le maître spirituel, le thérapeute, ou un ami dans le bien. » Pour pouvoir écouter les émotions agréables qui nous signalent que nous approchons de ce qui est bon pour nous, il faut arrêter de s’accrocher aux causes de la souffrance.

Les conseils : Accepter de s’égarer pour mieux identifier ses nouveaux objectifs. Réfléchir et identifier les états mentaux qui nous font du bien et les distinguer de ceux qui sapent notre bien-être.

4-   Savoir admirer fait du bien

Pour inspirer votre quotidien, trouvez-vous un modèle, conseille Matthieu Ricard. Ce n’est pas forcément des gens haut placés mais des êtres humains qui se sont comportés « de manière admirable ou qui ont montré une force d’âme ».

Pourquoi admirer fait avancer ?

« Savoir admirer nous inspire, nous fait du bien, nous rend plus sociable », écrit Christophe André. La chimie du cerveau n’est pas étrangère à ces bienfaits : admirer des actes moraux stimule notre système nerveux parasympathique (ce qui nous détend et nous apaise) et provoque la sécrétion d’ocytocine, un neurotransmetteur qui augmente notre sociabilité et nos capacités d’attachement et d’affection pour autrui », signale le philosophe.Attention toutefois à bien choisir son modèle.

Les conseils : S’appuyer sur les autres qui peuvent nous rappeler nos valeurs. Nos amis peuvent aussi être des modèles.

 

5-   Devenir un rugbyman de l’entraînement de l’esprit

S’améliorer intérieurement passe par un entrainement quotidien pour résister (…) aux oscillations de la motivation », estime Christophe André. On ne peut pas se lever un matin en décrétant qu’on va moins stresser et être plus heureux, reconnait-il. Avec Alexandre Jollien, il suggère de devenir des « rugbymen de l’entrainement de l’esprit en appliquant le fair-play et la solidarité sur le terrain de la vie intérieure ». Comme au rugby, il est indispensable de roder au calme des combinaisons, de les tester lors de matchs amicaux afin de pouvoir les ajuster avant le match dans la vraie vie.

Peut-on réellement changer ?

Certains pessimistes pensent que « la nature revient toujours au galop » et certains optimistes disent que « si on veut on peut ». En réalité, il faut des automatismes facilitateurs, des bons réflexes.« Les neurosciences nous apprennent que nous pouvons nous transformer et que notre cerveau change à mesure que nous cultivons de nouvelles aptitudes », rappelle l’ouvrage.« On peut apprendre à jongler mais aussi à être plus bienveillant », conclut Matthieu Ricard.

Les conseils : Prendre soin de son esprit, l’entraîner à cultiver ses qualités, le nourrir de bonnes expériences, répéter une attitude et un geste jusqu’à ce qu’il s’ancre.

 

* Alexandre Jollien, Christophe André et Matthieu Ricard, A nous la Liberté, édition L’iconoclaste- Allary éditions, janvier 2019.

Céline Husétowski
Céline Husétowski

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