Absentéisme pour maladie : les cadres ne s’arrêtent pas à cause du travail

Sylvie Laidet-Ratier

Les cadres sont autant malades que les autres salariés. Mais moins à cause de leur travail. Et 72 % des managers viennent travailler alors qu’ils sont malades. Découvrez d’autres données sur les cadres malades, extraites de la récente étude menée par Malakoff Médéric Humanis sur l’absentéisme et le présentéisme au travail.
Absentéisme pour maladie : les cadres ne s’arrêtent pas à cause du travail

Les arrêts maladie coûtent cher. D’où l’intérêt pour la mutuelle  Malakoff Médéric Humanis d’étudier* les enjeux liés à l’absentéisme pour maladie des salariés du secteur privé. L’extraction des données sur les cadres nous a permis de faire un comparatif fort instructif entre les comportements des salariés en général et ceux des cadres en particulier.  

 

Plus d’un cadre sur deux en arrêt de travail au cours des 12 derniers mois

Selon l’étude Malakoff Médéric Humanis, 42 % des cadres ont obtenu un arrêt de travail au cours des 12 derniers mois, contre 44 % en moyenne chez l’ensemble des salariés. Donc un écart non significatif. Néanmoins les cadres ont des arrêts plus courts : les arrêts de 1 à 3 jours représentent 38 % des arrêts maladie des cadres, contre 30% sur l’ensemble des salariés.

 

Les cadres s’arrêtent davantage pour motif personnel

En regardant de près les motifs des arrêts prescrits aux cadres, on découvre que :

 

  • 76 % ont une « raison personnelle » (contre 67 % des arrêts maladie en moyenne)
  • 8 % évoquent une raison uniquement professionnelle (contre 13 %)
  • et 16 % un mix de ces deux motifs.

 

En clair, selon cette étude, les cadres sont moins malades à cause de leur travail. Ou alors, ils préfèrent ne pas le dire ? La question se pose à la lecture d’un autre sondage qui révélait en juin dernier qu’un cadre sur deux pense avoir déjà fait un burn-out.

 

« Derrière ces 76 %, il ne faut pas forcément voir une volonté de dissimuler que leur travail les rend malades. Cela peut aussi correspondre à leur réalité », estime Marc Fargeas, responsable études stratégiques de Malakoff Médéric Humanis. D’ailleurs 48 % des arrêts des cadres relèvent de « maladie ordinaire » (contre 36 % chez l’ensemble des salariés). Le « motif personnel » correspondrait donc à une simple grippe, une entorse lors d’un footing ou une fatigue due à un week-end à excès par exemple.

 

« On peut également émettre l’hypothèse que le risque professionnel est moins présent chez les cadres que dans le reste de la population. Et/ou qu’ils ont davantage accès aux ressources qui leur permettent d’y faire face », souligne Marc Fargeas, responsable études stratégiques de Malakoff Médéric Humanis.

 

Les cadres renoncent davantage que les autres à leur arrêt maladie

Chez les cadres, près d’un tiers des arrêts (32 %) n’ont pas été respectés, contre 28 % par l'ensemble des salariés). 18 % ont consulté un médecin qui leur a rédigé un arrêt de travail mais les cadres n’en ont eu cure (17% dans l’ensemble).. Et ne se sont donc pas arrêtés du tout. 14 % ont repris le boulot avant la fin effective de leur arrêt de travail contre 11% dans l’ensemble.

Des chiffres supérieurs à ceux constatés dans l’ensemble de la population interrogée. « Davantage en responsabilité, notamment en charge d’équipe, mais aussi animés par une volonté de ne pas se laisser aller, les cadres ne prennent pas la totalité des arrêts maladie pourtant prescrits », observe Marc Fargeas.

 

Les managers ont le sens des responsabilités

 

Les managers fans du présentéisme maladie

Ce concept de présentéisme maladie qui définit en fait le comportement d’un individu qui travaille alors qu’il devrait être arrêté en raison de son état de santé physique ou mentale, est un autre phénomène notable de l’étude.

Cette fois ce sont les managers (72 %) qui sont les plus nombreux à déclarer avoir travaillé alors qu’ils étaient malades, vs 64% des cadres et 65% en moyenne sur l’ensemble des salariés. « Ce chiffre s’explique là encore par leur sens des responsabilités. Les managers ne veulent pas désorganiser l’entreprise et encore moins reporter leur charge de travail sur leur équipe », soutient Marc Forgeas.

Alors, ils viennent bosser. Même malades. Au risque d’être moins productifs et de contaminer le reste de l’effectif. Vive le management participatif !

 

Le saviez-vous ?

S’arrêter 3 fois par an multiplie par 5 le risque de l’être l’année suivante.

* Étude de perception Ifop pour Malakoff Médéric Humanis, réalisée auprès d’un échantillon de 1 507 salariés (recueil par Internet) et 400 dirigeants ou DRH (enquête menée par téléphone) d’entreprises du secteur privé, d’août à octobre 2019.

 

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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