Alexandre Tamagnaud, président du groupe Fed : « Les candidats apprécieront les employeurs qui continuent leurs recrutements »

Gwenole Guiomard

RECRUTER PAR TEMPS DE CONFINEMENT – La crise n’a pas épargné le groupe Fed, l’un des principaux cabinets de recrutement français qui compte 320 consultants en 2020. Alexandre Tamagnaud, son président, reconnaît à son tour une baisse des recrutements mais pas un arrêt total. Il rappelle aux entreprises que les profils pénuriques d’avant la crise sanitaire le resteront quand l’économie repartira. Et compte renforcer les liens avec les candidats pendant cette période de confinement. Interview d'un professionnel toujours sur le pont dont les consultants en télétravail sont peut-être en train de vous appeler.

« Depuis le 16 mars, environ deux-tiers de nos missions ont été arrêtées, décalées ou suspendues, reconnait le président du groupe Fed, Alexandre Tamagnaud.

Mais pour le tiers restant, nos clients continuent à nous solliciter et veulent conclure les recrutements. La seule différence est notre mode de fonctionnement adapté au confinement : nous rencontrons nos candidats et nos clients via des systèmes de visioconférence. Pour notre part, nous avons fermé nos 14 bureaux et tout le monde est en télétravail ».

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Onboarding à distance

Cela ne signifie pas que les rentrées financières soient nulles. Elles sont cependant réduites de deux-tiers. « Nous avons conclu 40 missions la semaine dernière contre 120 dans une semaine "normale", ajoute Alexandre Tamagnaud. Les candidats vont donc rejoindre leur nouvelle société en avril avec une intégration qui se fera en télétravail. J’ai été surpris par cette rapide adaptation des employeurs qui accueillent leurs nouveaux salariés via des modules de formation à distance ». Le 100% télétravail semble de mieux en mieux accepté, même pour des employeurs réfractaires à un mode de fonctionnement qu’ils rejetaient quelques mois auparavant.

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Des candidats prudents

« En fait, estime Alexandre Tamagnaud, la défiance vient davantage des candidats. Ils sont, certes, ravis d’être interviewés par visioconférence mais peuvent s’avérer réticents de signer un contrat de travail sans avoir mis les pieds sur leur lieu de travail, ni rencontré physiquement leur hiérarchie ou subordonnés. Nous leur expliquons que nos clients sont lucides sur les conditions économiques en cours et qu’ils ne reviendront pas sur leur décision pendant la période d’essai ».

 

Tous ces professionnels éprouvaient des difficultés à embaucher avant la crise. C’est toujours le cas aujourd’hui.

 

De nouvelles missions de recrutement

En ce qui concerne l’avenir, le groupe Fed, qui recrute pour le compte de ses clients sur 11 métiers, enregistre en ce moment des commandes de mission : « La première semaine du confinement, nous avons rentré 130 missions contre 150 en période normale. Cela nous a favorablement surpris. Nos clients sont en recherche de profils, y compris de middle managers, dans les secteurs de l’agroalimentaire, la santé (infirmier, médecins), la logistique (logisticiens travaillant en amont des entrepôts dans l’agroalimentaire et la grande distribution), le juridique et comptable (juristes d‘entreprise, avocats-conseils, experts comptables), le commercial mais aussi le digital. En finance, les cabinets conseils recherchent aussi des experts. Tous ces professionnels éprouvaient des difficultés à embaucher avant la crise. C’est toujours le cas aujourd’hui ».

 

Notre travail va consister à densifier encore nos liens avec les bons candidats

 

Ne pas risquer de manquer des candidats

Pour le mois qui vient, le groupe Fed entend poursuivre et intensifier ses liens avec les candidats. « Cette crise doit devenir une opportunité pour nous, rappelle Alexandre Tamagnaud. Notre travail va consister à densifier encore nos liens avec les bons candidats pour offrir à nos clients les meilleurs. Nos clients employeurs vont aussi devoir s’habituer au télétravail. Alors même si l’économie ralentit, nous leur conseillons de ne pas geler leur recrutement. Nous étions en février 2020 en but à une pénurie de candidats. Arrêter tous les recrutements aujourd’hui serait contreproductif avec des employeurs qui se feraient oublier des candidats. L’économie va repartir et nous allons retrouver ce même marché pénurique. Les candidats apprécieront les entreprises ayant maintenu leur recrutement. »

 

On devrait assister à un retour des industries en France.

 

Réindustrialisation

Alexandre Tamagnaud estime que cette crise peut aussi provoquer de nouvelles opportunités de création d’emplois dans l’Hexagone : « Je crois enfin à un sursaut national avec des entreprises s’apercevant aujourd’hui qu’externaliser leur production n’est pas sans inconvénients. On devrait assister à un retour des industries en France avec, à la clef, de forts besoins en recrutement ».

Le groupe Fed en chiffres

  • 7000 recrutements par an en 2019
  • 320 consultants en 2020 (210 en 2016)
  • 87 millions de CA en 2019 (69 millions d’euros en 2016).

 

Gwenole Guiomard
Gwenole Guiomard

Je suis journaliste spécialisé dans les questions de formation et d’emploi. L’un ne doit pas aller sans l’autre et la compréhension des deux permet de s’orienter au mieux. Je rédige aussi, tous les deux ans, le Guide des professionnels du recrutement. Je suis aussi passionné d’histoire et amoureux des routes de la soie.

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