Assurance-chômage : les indemnités des cadres visées par la réforme

Gilles Boulot

Le rabotage des indemnités pour les hauts salaires provoque la levée de boucliers des représentants des cadres. Une mesure de la réforme de l'assurance chômage plus symbolique, et politique, que réellement économique, estiment-ils.
Assurance-chômage : les indemnités des cadres visées par la réforme

Depuis ce matin, le Premier ministre s’est fait des copains. De BFM au Figaro, Edouard Philippe et Muriel Pénicaud sont sur le banc des accusés. Leur faute ? S’en prendre aux cadres, puisque, dans sa réforme de l’assurance-chômage dévoilée dans la matinée, ils ont annoncé la mise en place de la dégressivité des allocations au-dessus de 4 500 euros.

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Du coup, les réactions sont en mode virulent. Les syndicats de salariés sont vent debout, et même le moins fermé aux discussions, Laurent Berger, évoque « une réforme profondément injuste ». Évidemment, le patron de la CFDT réagit avant tout aux mesures touchant aux modalités d’entrée dans le système d’indemnités puisque, en lieu et place de 4 mois travaillés durant les 28 derniers mois, il faudra désormais justifier de 4 mois durant les 24 derniers mois.

Le gouvernement fait un procès aux cadres qu'il considère être des glandouilleurs

François Hommeril

Les hauts revenus dans le viseur

Cette mesure, qui touche le plus grand nombre de chômeurs peu qualifiés, est certes la plus commentée. Mais l’autre volet de la réforme, qui va impacter plus particulièrement les hauts revenus, et donc en majorité les cadres, ne semble pas plus convaincre les intéressés, leurs représentants, ou la presse qui s’en préoccupe. C’est ainsi que François Hommeril de la CFE-CGC a décrété ce 18 juin « journée funeste », ajoutant que « le gouvernement fait un procès aux cadres qu'il considère être des glandouilleurs ». De son côté, le journaliste Marc Landré, dans le Figaro, titre son article « Haro sur les cadres ».

Les seniors particulièrement touchés

Mais pourquoi une telle bronca ? C’est que tous sont persuadés que les cols blancs font figure de bouc émissaire du gouvernement : la dégressivité de leurs indemnités n’est qu’une mesure politique et ne va en rien juguler les pertes abyssales de l’Unedic. Selon le Figaro, seuls 5 % des chômeurs indemnisés touchent plus de 1 800 euros par mois. On est loin, donc, des indemnités dégressives des hauts salaires qui, si elles baissent de 30 % après le septième mois sans travailler, ne descendront jamais en deçà de 2 200 euros.

Effet d’annonce donc, sauf pour les principaux intéressés. Car les cadres les mieux payés et qui peuvent se retrouver sans emploi, sont généralement les plus âgés. Ce sont eux également qui ont le plus de mal à retrouver un emploi et restent le plus longtemps au chômage. Le gouvernement le sait et a décidé de les exempter de dégressivité. Malheureusement, l’exemption n’intervient qu’à 57 ans, alors que la qualité de senior en entreprise est souvent accolée aux cadres dès 45 ans.

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Des cadres peu mobilisés

Reste que tous ces griefs devraient rester lettre morte. Les syndicats ont bien décidé de se réunir devant l’Unedic le 26 juin prochain. Mais il y a fort à parier que dans les rangs, les effectifs de cadres seront clairsemés. Un manque de mobilisation bien connu de Muriel Pénicaud comme d’Édouard Philippe. Et qui ne devrait en aucun cas les faire revenir en arrière pour un train de mesures applicables dès le 1ᵉʳ novembre prochain.

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Les principales mesures mises en place pour les salariés au 1ᵉʳ novembre prochain

  •  Pour bénéficier des indemnités chômage, il faudra avoir travaillé 6 mois sur les 24 derniers mois, au lieu de 4 mois sur 28 mois jusqu’à présent.
  •  Les salariés dont les indemnités dépassent 4 500 euros verront leur allocation baisser de 30 % dès le 7ᵉ mois de chômage.
  •  Les indépendants en cessation d’activité toucheront une indemnité mensuelle de 800 euros par mois pendant six mois, à condition d’avoir réalisé un chiffre d'affaires de 10 000 euros minimum au cours des deux dernières années.
  •  Les salariés démissionnaires pourront accéder aux mêmes indemnités que les licenciés, à condition de présenter un projet professionnel sérieux.
Gilles Boulot
Gilles Boulot

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