Cadres experts : l’heure de l’augmentation a sonné

Michel Holtz

Pour les salaires, c’est le printemps avant l’heure. Du moins pour les cadres, qui ont la chance d’avoir quelques particularités. Car si l’embellie des rémunérations est réelle en 2014, elle ne touche pas tout le monde. Selon la 15ᵉ édition du « Salary Survey »*, ce baromètre des salaires des cols blancs édité par le cabinet Robert Walters, heureux sont les experts. Dans les domaines de l’IT, bien sûr, mais pas que. L’étude s’est penchée sur 15 métiers différents exercés par 100 000 professionnels et son constat est clair : les managers généralistes peuvent passer leur tour cette année en matière d’augmentation salariale. En revanche, ceux qui disposent d’une compétence recherchée peuvent aiguiser leurs arguments : ils ont toutes les chances de voir leur fiche de paie gonfler. « S’ils changent d’entreprise, la hausse peut atteindre entre 10 et 20%, prévoit Antoine Morgaut, CEO Europe continentale et Amérique latine de Robert Walters. Et s’ils restent à leur poste, ils peuvent espérer des augmentations qui peuvent atteindre 8%. »

Les gestionnaires de carrière plébiscités

Mais qui sont ces cadres à part, chouchoutés pour ne pas qu’ils s’en aillent, ou débauchés à grands frais ? Au-delà des experts du numérique, du Big data et des spécialistes en marketing digital, l’étude note une belle embellie salariale pour les financiers mais aussi les experts en assurance, les commerciaux et, plus étonnamment, pour les spécialistes des ressources humaines. « Attention, car les hausses ne concernent pas les recruteurs. Mais plutôt les directeurs de paie ou les spécialistes du social ». Les spécialistes des bulletins de salaire ont toujours été indispensables, mais leurs collègues versés dans la gestion de carrière, les négociations sociales et les risques psychosociaux, le sont devenus en ces périodes de tensions, de stress et de burn-out. « Si en plus, ils parlent anglais, c’est plutôt gagné. D’autant qu’ils sont rares sur le marché », note le consultant.

Une négociation au long cours

Reste, pour tous ces cadres privilégiés, à bien négocier leur changement de poste ou leur augmentation. Dans ce dernier cas, Antoine Morgaut leur déconseille une chose : laisser entendre que "si l’on n’est pas augmenté, on s’en va" n’est pas la meilleure solution. « Inutile de durcir le débat. Mieux vaut se concentrer sur le contenu, sur ce que l’on a apporté et ce que l’on va apporter à l’entreprise. » Un jeu curieux où personne n’est dupe. Ni le cadre qui connaît sa valeur sur le marché, ni le responsable RH, conscient de la rareté de son interlocuteur. « Surtout, il ne faut pas attendre l’entretien annuel d’évaluation pour en parler. C’est une action à mener tout au long de l’année, avec le N+1, comme avec les RH ». Mais qu’en est-il des autres cadres, tous ceux qui ne peuvent compter sur une expertise très recherchée ? Ils devront se contenter d’une augmentation plus légère. En moyenne, cette dernière devrait avoisiner les 2,8% selon une étude récente. Néanmoins, le boss de Robert Walters avertit les entreprises : « La pire des choses, pour les salariés, c’est le sentiment d’injustice. Ces derniers veulent de la reconnaissance. Ça ne passe pas forcément par une hausse de salaire, ça passe aussi par un traitement égalitaire entre les personnes. » Les augmentations individuelles, privilégiées ces temps-ci, comme l’indique l’étude, ne seraient donc pas forcément la panacée pour le bien-être des cadres.

* Méthodologie : analyse exhaustive du marché réalisée à partir d'interviews détaillées des experts du cabinet menées durant le dernier trimestre 2013. Compilation des salaires fixes à partir d'une source de plus de 100 000 candidats rencontrés par an.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

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