
- 1. L'entreprise aussi est passée au crible par les candidats
- 2. C'est un très bon moyen d'évaluer la motivation du candidat
- 3. L'entreprise est d'abord un lieu social où se rencontrent des êtres humains
- 4. L'entretien d'embauche n'est jamais le seul élément déterminant
- 5. Les CV et recommandations peuvent être trompeurs
La semaine dernière, un vent de panique a soufflé sur le monde du recrutement. Le glas de l’entretien d’embauche semblait vouloir sonner à cause d’un chercheur américain sûr de pouvoir démontrer par A+B son inutilité. Mais à regarder de plus près ses arguments, c’est plutôt la tribune de Richard Nisbett, professeur pourtant réputé dans le monde de la psychologie sociale, qui est inutile. On vous dit pourquoi.
1. L'entreprise aussi est passée au crible par les candidats
Richard Nisbett semble penser que les candidats sont des machines, disponibles sur le marché du recrutement, prêtes à accepter n’importe quelle offre. En réalité, un candidat est avant tout un être humain qui choisit son entreprise. L’entretien est une rencontre. L’occasion pour le candidat de mieux appréhender l’environnement de travail, de décrypter la fiche de poste, et finalement de faire son choix. Selon une étude menée par le cabinet de recrutement Robert Walters, 78 % des candidats déclineraient l’offre après un mauvais entretien. « Cette rencontre est donc l’occasion pour le recruteur de promouvoir une image positive de sa boîte, de défendre le poste qu’il propose », développe Coralie Rachet, directrice au sein de Robert Walters.
2. C'est un très bon moyen d'évaluer la motivation du candidat
D’un autre côté, quand l’employeur expose sa marque employeur en face-à-face, il en profite pour tester l’adéquation du candidat aux valeurs de l’entreprise… et sa motivation. « On l’oublie trop souvent mais l’entretien sert avant tout à juger la motivation, un facteur très personnel qui s’exprime différemment d’un candidat à l’autre. Seule une vraie discussion permet de la déceler », développe Coralie Rachet.
3. L'entreprise est d'abord un lieu social où se rencontrent des êtres humains
Toujours parce qu’il pense que les salariés sont des robots, le chercheur en psychologie sociale estime aberrant de prendre en compte la personnalité dans un processus de recrutement. Pour lui, seule la performance compte, et rien de telle qu’un bon CV ou de bonnes recommandations pour prouver qu’on est un champion. Sauf que l’entreprise est avant tout un lieu social, où la performance est liée à la capacité des collaborateurs à travailler ensemble. « Anelka est un des meilleurs joueurs de football de sa génération, sur le papier. Pourtant, il n’a jamais été efficace en équipe de France à cause de son attitude et sa personnalité. Les affinités sont essentielles dans une équipe. En entreprise, c’est pareil : nous ne sommes pas des pions et la dimension affective doit être prise en compte », résume le chasseur de têtes Thibaud Chalmin.
4. L'entretien d'embauche n'est jamais le seul élément déterminant
Et puis, pour être clair, il faut rappeler que l’entretien d’embauche n’est JAMAIS le seul moyen de choisir un nouveau collaborateur. C’est l’aboutissement d’un long processus, qui comprend l’étude du CV et de la lettre de motivation, des tests en tout genre et des recommandations. « Quoiqu’il arrive le candidat qui parvient jusqu’à l’étape de l’entretien est bon », assure Thibaud Chalmin. On est loin du jugement partial fondé sur une vague discussion de trente minutes. D’autant plus que la plupart du temps, il y a plusieurs entretiens, avec plusieurs personnes.
5. Les CV et recommandations peuvent être trompeurs
L’entretien sert à valider les expériences passées du candidat, et les compétences qu’il affiche. En clair : un CV, une recommandation, ça peut être maquillé. « Quand on a la personne en face de soi, on peut la challenger, tester son honnêteté intellectuelle, lui faire parler de ses expériences », explique Coralie Rachet. Et face à des centaines de CV identiques, pouvoir faire la différence en racontant son histoire avec ses mots, c’est une occasion qu’un chercheur d’emploi n’a pas envie de manquer.
Même si l’exercice connaît les limites de l’objectivité, si beaucoup de cadres qui recrutent gagneraient à être formés à poser les bonnes questions et interpréter les réponses, l’entretien reste une étape essentielle du recrutement. En fait, il vaut mieux un entretien imparfait que pas de rencontre du tout. Ce serait comme épouser quelqu’un sans même passer par un rendez-vous galant. Ça peut éventuellement marcher, mais je ne parierais pas dessus.
