CEO For One Month : le jour où Paul a été choisi pour devenir le bras droit du PDG d’Adecco

Sylvia Di Pasquale

[Video et podcasts] Sur les 9 000 candidats au départ, un seul est à l’arrivée pour partager, pendant un mois, la direction du groupe Adecco avec son PDG. Cadremploi a pu assister aux délibérations du jury après le passage des finalistes. Plongée, en son et en images, au cœur d’une sélection hors du commun, avec ses 6 postulants, ses dix jurés et sa psy.

Il se présente sur scène, le bras gauche en écharpe. Heureusement, l’autre est indemne, ce qui tombe bien : Paul Joly vient d’être désigné bras droit de Christophe Catoir, le patron d’Adecco, parmi 9 000 candidats, puis 12, puis 6. A partir du 1er juillet et pendant un mois, le jeune homme participera aux réunions des codir français et européens, aux déplacements du boss, aux déjeuners du boss, au rendez-vous du boss, et le remplacera carrément à quelques occasions.

Mais comment, en ce 17 mai, au siège parisien des filiales d’Adecco spécialisées dans la sélection de dirigeants, un jeune lillois de 23 ans, frais issu de l’Essec, a-t-il bien pu se retrouver propulsé vers les sommets d’une grande entreprise ? Grâce à un concours organisé chaque année depuis 5 ans.

Des épreuves étalées sur 2 mois jusqu'au grand oral final

L'opération CEO For One Month est ouverte chaque année à toutes et à tous, sans distinction de niveau d'études, ni de diplômes. Seul un très bon niveau d'anglais est exigé, vue la dimension internationale de l'entreprise. Mieux vaut être bien préparé car le processus de sélection est aussi approfondi que celui d'un manager ! Test d'anglais par téléphone, tests de logique, bootcamp avec épreuves individuelles et collectives pour tester le leadership et l'esprit d'équipe... Seuls 6 rescapés auront le droit de passer l'épreuve finale : le grand oral devant un jury.

Une sélection élitiste

Vendredi dernier, force est de constater que les 6 jeunes en finale étaient tous issus de grandes écoles et d’une fac. Si le gagnant est étudiant à l’Essec, Camille et Alexandre sont Centraliens, Lena est en master de droit des affaires à Strasbourg, Stacy fait Kedge et Karim alterne entre Montpellier Business School et Spring. Aucun autodidacte donc dans cette finale au cours de laquelle chacun a affronté un jury composé de Christophe Catoir, évidemment, mais aussi de 10 de ses homologues venus de chez Microsoft, Amazon, Sodexo, Groupe Avril, Jungheinrich France, General Electric, L’Equipe, Procter & Gamble, PwC, Safran, et Ecole 42.

Des questions coton

Un grand oral au cours duquel chaque candidat a disserté sur un sujet tiré au sort, avant de répondre aux questions des patrons-jurés. Des questions coton qui surprennent des candidats pourtant rompus. « Comment gérer un collectif qui ne répond pas à vos exigences personnelles ? » lance le DG du journal L'Equipe à l’un des postulants.  « Est ce que ton leadership s’exprime dans l’anticipation ou l’adaptation » demande le patron de la logistique d’Amazon France à un autre aspirant à la direction éphémère d’Adecco.

Une psychologue pour évaluer les candidats

Non loin du groupe de jurés et du candidat debout devant eux, une psychologue note les échanges et les réactions des jeunes. Son aide sera précieuse au moment de la délibération qui clôt chaque grand oral. Et au moment du choix final qui réunit l’ensemble du jury à huis clos.

Des qualités avérées et des défauts revendiqués

Une demi-heure aura suffi pour désigner le vainqueur. Mais qu’est ce que Paul Joly avait de plus que les autres ? Des défauts qu’il revendique : « je pourrais être plus succinct ». Il en joue devant le jury, s’en excuse, les fait rire et les embarque dans ses anecdotes, ses apartés. Mais il est également bourré de qualités, que les jurés ont remarquées. Celles de sa différence, de son quotient émotionnel : « il est très malin. C’est un homme d’action qui trouve des solutions », lui reconnaît la présidente de Sodexho France. Mais à ses capacités de mettre en œuvre les forces nécessaires, Paul ajoute d’autres qualités. Lorsqu’un juré lui demande s’il a un mentor, il répond positivement : « c’est le prof de philo de l’Essec. Grâce à lui, la parole n’est plus un bruit, mais une idée »

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En route vers le championnat du monde

C’est donc lui qui, durant tout le mois de juillet, fera agenda commun avec Christophe Catoir. Lui, le féru de rugby, de voile et de théâtre, qu’il a découvert tout récemment en s’inscrivant au Cours Florent sera le Vizir aux côtés du Calife. Mais si Paul Joly ne manquera pas de s’enrichir au contact du patron d’Adecco, ce dernier devrait lui aussi en tirer quelque enseignement. Et il ne s’en cache pas, ravi de l’opportunité de confronter ses idées et ses décisions à un regard neuf et jeune.

Un autre point de vue qu’il recherche tout au long de l’année, au cours des réunions de son « shadow comité » qui réunit les cadres Adecco de moins de 35 ans. Un codir bis qui se réunira au mois de juillet autour de Paul Joly, évidemment. Après ce mois mouvementé, il ne raccrochera d’ailleurs pas définitivement ses gants provisoires de boss, puisque dès le mois de septembre, il pourra participer à la version mondiale de « CEO For One Month ». Une autre joute qui peut déboucher, si la chance et le talent sont à ses côtés, sur un second mandat d’un mois, comme bras droit d’Alain Dehaze, pdg d’Adecco Monde cette fois. Et d’ici là, son bras gauche devrait être rétabli.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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