Ces patrons qui boycottent le Black Friday

Imene Besbes

Le Black Friday, c’est plus de 900 000 recherches sur Google et 6,2 milliards de dollars de chiffre d’affaires mondial réalisé en 2018. Pourtant des patrons de boîtes qui pourraient profiter de la frénésie d’achats se déclarent opposés au “vendredi noir”. Leur objectif ? Ne pas encourager la surconsommation qui a des conséquences environnementales et sociales. Et tant pis pour leur chiffre d’affaires ! Qui sont ces patrons d'entreprises profitables qui se désolidarisent du Black Friday ?
Ces patrons qui boycottent le Black Friday

D'un côté, le réveil des consciences éco-responsable prend de l'ampleur : 15 000 scientifiques alertent sur l'état de la planète, des étudiants de grandes écoles lancent un “Manifeste pour un réveil écologique”, des youtubeurs animent les réseaux avec les #ilestencoretemps. D'autres mouvements qui promeuvent une consommation plus raisonnée se lancent comme le Fair Friday, le Green Friday, le Giving Tuesday, le Make Friday Green Again, une pétition contre Amazon...

Mais d'un autre côté, un appel à consommer coûte que coûte déferle sur la France chaque année depuis 2014. Et le 29 novembre 2019, jour de lancement du Black Friday, promet d'être plus lucratif que l’an passé. Parmi les patrons d'entreprises qui pourraient en profiter pour doper leur chiffre d'affaires mais préfèrent ne pas encourager la surconsommation, voici les chefs de file :

Emery Jacquillat, dirigeant de la Camif : le précurseur 

Le patron du site de e-commerce – spécialisé dans l'équipement de la maison et de la personne – est un des précurseurs de la génération de patrons anti-Black Friday. Alors que les e-commerçants mitraillent les réseaux de leurs rabais, Emery Jacquillat déconnecte carrément son site le vendredi noir et ce depuis 3 ans.

En revanche, pas de jour off pour les salariés. Fidèle à ses principes qu'il détaillait sur le plateau de Cadremploi déjà en 2015, le boss les implique dans son approche écolo-socio-cocorico responsable. Ses collaborateurs vont donc s’adonner à des activités éthiques tels que des débats citoyens ou des ateliers ludiques et écolo. Un moyen de sensibiliser à différentes manières de consommer. Le site de e-commerce a le soutien du collectif #NousSommeDemain qui réunit des entreprises et des ONG qui souhaitent être actives dans la transition écologique et sociale.    

En 2017, le patron de la boîte, avait profité de ce jour off pour créer la journée #OnDonneTout. Le concept ? Les collaborateurs donnent du temps à des associations qui mettent en lumière des alternatives à la surconsommation en plus d’objets et divers meubles. Et notamment :

 

 

  • à la Maison du Zéro Déchet à Paris, pour lutter contre le gaspillage.
  • chez Emmaüs Défi, pour aider à la réinsertion et donner une seconde  vie aux meubles.
  • dans une ressourcerie pour développer l’économie circulaire.
  • chez ENVIE à Angers, association d’insertion spécialisée sur la collecte, le traitement, la réparation et le recyclage d’appareils électroménager. 

 

Frédéric Mugnier et Nicolas Rohr de Faguo :  les leaders 

C’est le mouvement qui cartonne : les cofondateurs de Faguo – une marque de prêt-à-porter – a réussi à rallier près de 600 marques à sa cause à peine naissante. Baptisé “Make Friday Green Again” - détournement du fameux slogan américain -, il rassemble des marques françaises comme Hast, Naturalia, Bergamotte, Joone, Rosemood, Les Raffineurs, Lepantalon...  







 

 

 

Les revendications du Make Friday Great Again : 

  • Trier nos placards pour revendre ou recycler ce qui ne nous intéresse plus.
  • Faire le point sur ce dont nous avons vraiment besoin.
  • Acheter si on le souhaite mais raisonnablement et au prix juste. 

 

Julie Chapon de Yuka : la gendarme de la consommation responsable 

Yuka permet à ses utilisateurs d’évaluer l’impact de leurs achats sur leur santé. L’application crible de notes les produits et analyse ses composants. Gare aux mauvais élèves !

En plus d’avoir révolutionné la façon de consommer des Français, Julia Chapon décide d’agir contre le Black Friday en rejoignant l’association Green Friday avec 180 autres entreprises et organisations “engagées pour soutenir un commerce équitable, durable, responsable, circulaire ou pour l’insertion par l’activité économique.” 

Mieux encore, Yuka s’engage à reverser la totalité de ses revenus de la journée à l’association ZERO Waste France. Cette dernière lutte pour le zéro déchet et zéro gaspillage à travers la réduction de jetable, le compostage et le tri de biodéchets, l’allongement de la durée de vie des objets, le tri, le recyclage ou encore l'arrêt des traitements polluants.  


 

 

 

 

 

Antoine Lemarchand, dirigeant de Nature & Découverte et défenseur des oiseaux 

Chez l’entreprise familiale Lemarchand, pas de black friday qui tienne, mais le Fair friday ! Les magasins vont vous spamer avec des chiffres... Mais pas n’importe lesquels ! Ceux de la réduction de la biodiversité, Pour cette deuxième édition, les oiseaux sont mis à l’honneur. 


Coup de com’ pour les moineaux ! Du 25 novembre au 1er décembre, tous les clients se verront offrir des sachets de graines pour nourrir les oiseaux ; pourront assister à des ateliers de pédagogiques ; arrondir la somme de leurs achats en caisse pour contribuer à des dons pour La Ligue de Protection des Oiseaux. Et enfin, la TVA est offerte à ceux qui achètent des produits en rapport avec les oiseaux (jumelle, nichoir, livres, etc.). 

  

Les initiatives ne cessent de se multiplier  

D’autres entreprises se désolidarisent de plus en plus du Black Friday comme le Slip Français ou encore Atelier Particuliers.  Le label Emmaüs, partenaire du Green Friday avec le soutien de l’agence Brainsonc, prévoit de “hacker” des boutiques dans le Marais, à Paris. Leur trouvaille :  placer un portant mobile devant certaines vitrines ainsi transformée en fenêtre web. Afin de sensibiliser les clients à l’idée que les mêmes articles “existent aussi en version recyclée et solidaire” (voir image). 

Dans un précédent article, la rédaction de Cadremploi analysait les initiatives anti-greenwashing qui se proposent d’aider à repérer les employeur éco-responsables. Sachant que 78 % des cadres choisiraient un employeur éco-responsable s’ils changeaient de job, à quand l’apparition de critère “boycotte le Black Friday” dans les critères étudiés ? 

Imene Besbes
Imene Besbes

Vous aimerez aussi :