Ces recruteurs qui tolèrent les fautes d'orthographe

Sylvie Laidet-Ratier

Ne retenir que des candidatures sans faute d’orthographe ? Ces quatre recruteurs en rêvent. Mais dans la réalité, ils préfèrent se concentrer sur les autres compétences recherchées. Ils s’expliquent.
Ces recruteurs qui tolèrent les fautes d'orthographe

C’est sûr, vous n’avez pas pu passer au travers de l’étude Opinion Way qui stipule que pour plus de 50 % des recruteurs, le niveau d’orthographe est un critère déterminant dans la sélection d’un candidat. Autrement dit, l’autre moitié des recruteurs y apporterait peu d’attention. C’est à ces derniers que Cadremploi s’intéresse. Nous leur avons demandé pourquoi ils ne bloquent pas sur les fautes d’orthographe lors de la sélection de candidats.

 

Pour les profils techniques, les fautes ne sont plus éliminatoires

« Si on avait le choix, on pourrait se servir de l’orthographe comme critère de sélection. Mais malheureusement, sur des marchés en tension comme ceux des développeurs, ce n’est pas le cas », prévient d’emblée Paul Courtaud, directeur général du cabinet Futurness. Eh oui, tout le monde n’a pas le niveau de marque employeur de Google pour se permettre de refuser un CV avec même une seule faute.

Même son de cloche pour Elisabeth Simon-Roussel, fondatrice et dirigeante du cabinet RecrutEmploi. « Sur des postes techniques, comme responsable de production par exemple, faire des fautes dans une candidature n’est pas un problème. Si je vois qu’il s’agit de fautes d’inattention, je les corrige avant d’envoyer le dossier à mon entreprise cliente. Cela évite au candidat de faire une mauvaise première impression et au recruteur de se concentrer sur les compétences techniques », détaille-t-elle. Merci le cabinet de recrutement.

 

Je préfère embaucher des gens qui font des fautes et qui apportent une valeur ajoutée inestimable à la boite que l’inverse.

 

Les entreprises dégainent des correcteurs pour limiter la casse

Pascal Lorne, directeur général GoJob, une plateforme de travail temporaire, préfère s’adjoindre les compétences de « génies », quitte à encaisser des fautes. « Dans mon équipe de 50 personnes, j’ai deux collaborateurs qui multiplient les fautes. L’un avait postulé via un message sur un réseau social et j’avais repéré les fautes. Mais le côté moins formel de cette prise de contact autorise selon moi des erreurs d’orthographe. L’autre m’a été recommandé. Donc, j’ai découvert le pot aux roses une fois qu’il a été dans la place », raconte-t-il.

Et ce dirigeant ne regrette pas. « Je préfère embaucher des gens qui font des fautes et qui apportent une valeur ajoutée inestimable à la boite que l’inverse », argumente-t-il. Pour limiter la casse (et éviter le drame), tous les documents, posts, recommandations, etc., à destination de l’extérieur, sont relus et annotés en rouge par lui-même et ou un « correcteur interne » imbattable en grammaire et orthographe.

Paul Courtaud, lui, demande à ses collaborateurs fâchés avec l’orthographe de consacrer le temps nécessaire pour passer tous leurs écrits (plusieurs fois s’il le faut) au correcteur orthographique. « Certaines entreprises financent même des mises à niveau en orthographe et en syntaxe », observe Pascaline Lesaive, directrice associée du cabinet OasYs Consultants, en charge de l’évaluation et du développement des talents. De quoi rattraper les fondamentaux.

 

A nos lecteurs :  cet article n’est en aucun cas un manifeste anti-respect des règles orthographiques. En tant que media, nous avons choisi de donner la parole à des recruteurs qui s’expriment rarement sur ce sujet. Nous anticipons qu'il puisse déclencher des contradictions. Le forum ci-dessous vous permet de le commenter ou d’apporter votre témoignage en lien avec le sujet évoqué, dans le respect des principes éthiques et de savoir-vivre (comprenant l’écriture avec un certain soin). Nous vous en remercions.

 

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Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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