À quoi ressemblera le bien-être au travail demain ?

Quentin Velluet

Aux nouveaux maux du travail, les grands remèdes des start-up. Elles se multiplient ces dernières années sur la thématique du bien-être pour tenter de rendre le quotidien professionnel plus facile. Mais que proposent-t-elles et quels progrès apportent-t-elles réellement dans les open-space ? Décryptage.
À quoi ressemblera le bien-être au travail demain ?

Une nouvelle ère pointe son nez pour les salariés du monde entier. Une ère où venir travailler chaque jour rime avec se faire du bien. C’est la promesse faite par la dizaine de start-up qui se développe depuis quelques années autour de la question du bien-être au travail en France. À travers notamment le label Happytech, elles veulent se structurer pour rayonner au-delà des frontières hexagonales. Mais quels services développent-elles ? Et sont-elles vraiment en train de révolutionner le quotidien du travail et de la vie de bureau ?

Mieux connaître ses collègues

Comme pour tous les autres secteurs, rares sont les start-up qui veulent améliorer le bien-être à ne pas avoir recours au digital pour développer et proposer de nouvelles solutions. Comeet par exemple, se base sur l’intelligence artificielle pour faciliter l’organisation d’activités de tout type entre salariés. La solution a déjà séduit Microsoft, Nexity ou encore Talensoft. Tout comme OuiSpoon qui propose peu ou prou le même service : jeux de société entre collègues, initiation à une passion, formation informelle entre midi et deux, session sportive... Les salariés ont une idée d’activité ? L’appli leur propose un lieu et un horaire qui conviennent à tous les agendas : « Chez Generali, on a vu s’organiser des déjeuners bilingues et une formation informelle à Twitter, illustre Raphaël Maisonnier, cofondateur de OuiSpoon. Chez un autre client, un collaborateur passionné a ramené sa voiture de collection au bureau pour la faire essayer à un de ses collègues qui partage la même passion ».

Les possibilités sont donc multiples. Et les services nombreux, puisqu’aux côtés de Comeet et Ouispoon, sept autres start-up françaises tentent de faciliter les rencontres entre collaborateurs. Mais l’organisation d’événements autour d’intérêts communs pour décloisonner les échanges n’est pas une idée révolutionnaire. L’unique progrès ici, c’est la technologie qui permet à chacun de proposer un événement en contournant le casse-tête des emplois du temps.

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Dialoguer avec son entreprise

D’autres start-up exploitent un domaine différent, celui des pulse survey aussi appelé people analytics. En clair, elles analysent toutes sortes de données fournies volontairement par les salariés qui répondent régulièrement à des questions sur leur santé, leur humeur et donnent leur avis sur des projets en cours. Elles s’appellent ZestMeUp, Bloomin, Dialoog ou Jubiwee et et vendent leurs services aux RH qui souhaitent pouvoir mesurer l’engagement des collaborateurs en temps réel et identifier les possibles crises à venir. Problème, ces outils sont souvent choisis par les RH eux-mêmes et donc imposés aux salariés. Rien ne dit alors qu’ils adoptent la solution et s’engagent à répondre à des questions intimes, quand bien même leur anonymat serait garanti.

OurCompany se démarque quelque peu de ses concurrents en développant un TripAdvisor des entreprises à partir des avis de leurs salariés : « N’importe quel employé peut installer notre appli en renseignant son mail professionnel pour identifier son entreprise. Il répond une fois par jour à quelques-unes des 157 questions développées avec des psychologues du travail pour mesurer le bien-être au travail. Elles explorent trois composantes : le sentiment d’appartenance, l’autonomie et l’adhésion au projet », détaille Stéphane Bourbier, fondateur de OurCompany. Parallèlement à l’historique de leurs humeurs, les collaborateurs peuvent comparer l’indice de bien-être de leur entreprise avec d’autres et aussi entrer en contact avec leurs collègues.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Priorité aux grandes entreprises

Force est de constater que les principaux bénéficiaires de ces services sont pour le moment les collaborateurs de grands groupes. Outre l’argument financier, plusieurs raisons expliquent ce choix. La plupart des start-up de cet écosystème sont parisiennes et démarchent en premier lieu les entreprises autour d’elles, qui sont bien souvent les ex-employeurs de leurs fondateurs.

La seconde raison est technologique : « On ne négligera pas les petites boîtes, mais il nous faut d’abord une base de grands groupes pour tester notre intelligence artificielle apprenante », explique Nathalie Willart, fondatrice de Coach For Eyes, une start-up spécialisée dans le confort des yeux et l’ergonomie du poste de travail. La technologie a donc besoin de temps pour apprendre et devenir plus pertinente.

Il y a enfin la question de la masse critique d’utilisateurs : « Nous déployons surtout notre solution dans de grandes entreprises afin qu’il y ait un effet de groupe important », concède Vincent Tharreau, co-fondateur de Kiplin, spécialisée dans les challenges sportifs en groupe. Même chose pour OurCompany qui référence pour le moment 278 entreprises mais dont les avis sont loin d’être représentatifs de leurs effectifs. À titre d’exemple, l’entreprise qui compte actuellement le plus d’utilisateur sur OurCompany est la Maif avec 307 collaborateurs inscrits. Un peu léger pour un groupe qui compte près de 7 500 salariés.

Quentin Velluet
Quentin Velluet

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