Changer de job : 48 % des candidats préfèrent une PME à un grand groupe

Sylvie Laidet-Ratier

C’est la saison des études de rémunérations. Hays vient de publier la sienne, Robert Walters le 23 janvier prochain (donc patience), chaque cabinet de recrutement y va de son analyse du marché de l’emploi et des pratiques salariales, fonction par fonction. Dans l’étude publiée pas Hays, un chiffre nous a tout particulièrement intrigué : 48 % des personnes interrogées souhaitant changer d'entreprise en 2020 viseraient une PME. Small serait donc à nouveau beautiful. Interview et analyse.
Changer de job : 48 % des candidats préfèrent une PME à un grand groupe

Un salarié sur deux espère changer de boite pour rejoindre une PME

Va y avoir du sport ! 87 % des salariés français interrogés par le cabinet Hays dans le cadre de son étude de rémunération nationale 2020, envisagent de changer d’entreprise cette année. Pour aller où ?

  • Près d’un sur deux (48 %) entend rejoindre une PME
  • 20% visent un grand groupe
  • 26% une entreprise de taille intermédiaire (ETI)
  • et 6% une TPE.

L’an passé, les candidats au changement étaient 37 % à cibler un groupe et 31 % une PME.

 

Les start-up n’ont plus le vent en poupe

 

Des intentions qui évoluent radicalement « Il y a 10 ans, les start-up avaient le vent en poupe auprès des candidats à une mobilité externe. Et puis, au fil des années, on a découvert les coulisses de ces entreprises innovantes où l’on travaille plus qu’ailleurs, où la pression est grande car la structure doit rapidement faire ses preuves pour continuer à exister…, analyse Oualid Hathroubi, directeur du cabinet Hays Paris.

Cela fait moins rêver les gens. Du coup, c’est un peu « back to the basics » et donc les PME, qui de surcroit, sont les plus gros employeurs de France. »

 

Une PME pour donner plus de sens à son boulot

Ce que kiffent les candidats à un job dans une PME ? La fameuse quête de sens ! « Dans un groupe tout est compartimenté. Chacun à une tâche précise mais délimitée. En rejoignant une PME, donc jusqu’à 250 personnes, on peut, au contraire, avoir un regard transverse sur un métier », précise-t-il. Un comptable version groupe va par exemple, se contenter de traiter les factures. Dans une PME, il apprendra à connaître les produits vendus par les commerciaux, voire on lui demandera son avis sur les nouvelles gammes développées. Donc un job avec davantage d’impact. Inimaginable au sein d’une DAF du CAC 40.

 

Une PME pour gagner en responsabilité

Pas sûre que small soit nécessairement plus beautiful qu’ailleurs, mais une chose est sûre : en PME, les contacts directs avec le top management sont facilités. Ici, pas de N+8 voire plus. Moins éloigné du « bon dieu », les salariés peuvent davantage toucher du doigt et appréhender la stratégie de la boîte. Plus concernés, ils se sentent davantage responsabilisés. Et puis, en PME, les lignes hiérarchiques sont donc plus plates, ce qui laisse davantage de latitude pour endosser certaines responsabilités. Parfois, sans en avoir le titre officiel (et le salaire qui va avec, mais bon…). Tous comptes faits, au quotidien, le challenge est plus présent que dans une énorme structure.

 

Une échappatoire à l’entre soi

 

Une PME pour davantage de lien social

Les candidats qui visent des postes en PME recherchent en fait davantage de lien social avec leurs collègues et ce, de façon transverse. Un ingénieur a autant envie d’échanger avec un responsable administratif qu’avec ses pairs. « Ce qui est davantage envisageable dans une PME que dans un groupe où la DAF emploie à elle seule 100 personnes et occupe tout un étage par exemple. Les échanges interservices sont de fait plus en plus rares », illustre Oualid Hathroubi, directeur du cabinet Hays Paris. Bref, une échappatoire à l’entre soi qui règne souvent dans les grands structures et autres start up et une diversité des profils enrichissante pour tout le monde. 

Seuls 20 % des aspirants au changement ont réellement bougé en 2019

 

Ils visent une PME mais… sauteront-ils vraiment le pas ?

Entre la volonté de bouger et la réalité, il y a souvent un gap. Selon l’étude Hays, seuls 20 % des aspirants au changement ont réellement bougé en 2019. Ils étaient pourtant 79 % à se déclarer prêts à une mobilité externe. « Même si la rémunération n’est plus le premier critère de choix pour un job, elle n’en demeure pas moins importante. Les rémunérations dans les PME sont moins importantes que dans les grandes structures. Donc quand un candidat émargeant à 45 000 euros par an reçoit l’offre d’une PME avec 8 000 euros en moins, il réfléchit à deux fois », argumente le directeur du bureau parisien de Hays. Il réfléchit même tout haut. Au point que si son employeur actuel, un grand groupe par exemple, lui fait une contre proposition,  il finit souvent par l’accepter, ne sachant pas si l’herbe sera finalement plus verte ailleurs et s’il est temps pour lui de démissionner. Quand le confort prime sur l’aventure.

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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