Changer de job : et si vous postuliez dans des entreprises qui défendent des valeurs

Sylvie Laidet

Vous cherchez à (re)donner du sens à votre job ? Et si vous recherchiez un employeur qui défend l'environnement, l’utilisation d’ingrédients naturels ou le bien commun ? Les entreprises qui défendent ces valeurs existent. Zoom sur 3 boîtes où l’on travaille autrement (et évidemment la liste n’est pas exhaustive) avec des dirigeants aux convictions personnelles localistes, éco responsables ou politiques fortes.
Changer de job : et si vous postuliez dans des entreprises qui défendent des valeurs

Changez pour une entreprise « politique »

« L’entreprise du XXIe siècle sera politique ou ne sera plus*». Dès le titre de son récent ouvrage – préfacé par Nicolas Hulot –, Pascal Demurger, le directeur général de la Maif, annonce la couleur. Mais kezako une « entreprise politique » ? C’est simple (en tout cas pour lui), il s’agit en fait d’une entreprise qui a l’ambition d’avoir un impact positif sur son environnement. A savoir, ses salariés, ses clients et la société au sens large. Et ce, sans renoncer à la performance économique évidemment.

Oui, changer le monde passe aussi par l’entreprise.

Nicolas Hulot

L’assureur militant souhaite d’ailleurs faire évoluer son statut pour devenir une « entreprise à mission » instauré par la loi Pacte. Bref, une entreprise où le « mieux commun » s’imposerait à tous. Pour Pascal Demurger, également vice-président de la Fédération française de l’assurance, « avoir un dispositif de RSE, une fondation ou des programmes divers de mécénat, ne suffit plus », pour résister au Gafam.

Le management rompt avec le classique duo autorité-contrôle.

Concrètement, en interne, cette « entreprise politique » se traduit pour un management bienveillant. En tout cas qui rompt avec le classique duo autorité-contrôle. Les salariés (7500) ont tout le loisir d’innover et de proposer des solutions disruptives grâce à la mise en place d’un droit à l’erreur. Pour éviter la course à l’échalote et la vente de contrats inutiles mais garants de confortables marges pour la boite, la rémunération des conseillers clientèle n’est pas indexée sur les chiffres de vente. Le conseil et les solutions apportés aux clients se veulent sur-mesure, pragmatiques et durables. Pascal Demurger raconte d’ailleurs à l’envi que lors de son arrivée à la Maif il y a 10 ans, il s’est fait passer pour un client lambda pour souscrire une assurance auto. Résultat : on lui a proposé un contrat moins cher que ce qu’il demandait. Dans cette « entreprise politique », le taux d’absentéisme a chuté de 15 % depuis 4 ans, le turnover est faible et les résultats s’envolent (10 millions en 2008, 127 millions d’euros en 2018). A la clé, des recrutements. Entre 500 à 700 postes à pourvoir par an.

* Les éditions de l’Aube, 2019

Lire aussi >> L’entreprise à mission : entreprise de demain ou gros baratin ?

 

Changez pour une boîte « localiste »

Un centre d’appels en plein… Paris ! C’est le choix revendiqué depuis 2005 par Paula Fabiani, quand elle a créé Wisecom alors qu’elle n’avait que 27 ans. Là où d’autres s’implantent en province et/ou en zone franche et bien sûr à l’étranger pour optimiser les coûts, elle décide d’emblée de prendre le contre-pied de ses concurrents. « Cette stratégie nous a permis dès le départ d’accéder à un bassin d’emploi plus attractif et fourni. Aujourd’hui pour une offre, on reçoit 400 CV, on a donc le choix parmi des profils très compétents, qualifiés… alors que le marché est pénurique », raconte-t-elle.

Les salariés ont la possibilité de tester en interne leur poste suivant.

Wisecom qui se définit comme une entreprise citoyenne et atypique mise également sur la fidélisation de ses collaborateurs et le développement des talents. Pour permettre à chacun d’évoluer (ou du moins de se projeter), les salariés volontaires peuvent tester durant 1, 2 ou 3 jours ou une semaine par exemple un poste qu’ils souhaiteraient occuper. Un exemple dans le service RH : « Les candidats internes assistent à une session de recrutement aux côtés de l’un de nos recruteurs. Ils mènent ensuite ensemble des entretiens en face à face. Si le job leur plaît, et que l’on perçoit de réelles aptitudes, on met en place un plan de formation pour les faire monter en compétences sur le poste visé », illustre l’auteur du livre « Le savoir n’est plus le pouvoir » *. Si la greffe ne prend pas, le collaborateur peut reprendre ses précédentes fonctions. A ce jour, 90 % des managers sont issus de l’interne et le turn over est inférieur à 5 %. Contre 15 à 20 % en moyenne dans la profession. Un « localisme » qui semble porter ses fruits.

*  Débats Publics Éditions, 2018.

 

Changez pour une entreprise éco responsable

Chez Aroma-Zone, on ne badine pas avec la planète. L’entreprise spécialisée dans la vente de produits cosmétiques à réaliser soi-même (le fameux DIY) a beau afficher une croissance annuelle de l’ordre de 20-25 %, cela n’est jamais au détriment de son impact sur l’environnement. « Quand les matières premières ne sont plus disponibles car ce n’est plus la saison de récolter une plante ou parce que la capacité de production est atteinte, le produit est tout simplement signalé en rupture de stock », explique Anne-Cécile Vausselin, co-fondatrice de cette marque familiale implantée près d’Avignon. Les acheteurs d’Aroma-Zone essaient de diversifier au maximum les matières premières pour proposer des solutions alternatives. Mais cela n’est pas toujours possible.

Pas de service marketing car ce rôle est réparti dans tous les services

Pour réduire l’impact de l’entreprise sur l’environnement, la marque aide au maximum ces producteurs (auxquels elle achète en direct afin de générer un max de valeur ajoutée pour eux) à se convertir à l’agriculture bio. En interne, pas de service marketing. Ce rôle est réparti à tous les niveaux de l’entreprise mais les principaux « marketeurs » sont les clients. « Nous avons nos clients en direct dans nos boutiques et sur notre site de vente en ligne. On les interroge via des sondages sur Facebook, Instagram… ou en point de vente sur les produits existants, les gammes à venir et ce qu’ils souhaiteraient trouver chez nous », détaille la PDG. A charge ensuite pour l’équipe R&D de plancher sur une huile essentielle, un élixir… Côté panel de consommateurs, ce sont les salariés qui s’y collent. « Pourquoi serait-on moins représentatif qu’un autre panel. Les produits obtenant moins de 14/20 ne sont pas retenus », précise-t-elle. Avis aux futurs candidats… testeurs !

Sylvie Laidet
Sylvie Laidet

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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