Comment les cadres vivent le chômage de longue durée

Quentin Velluet

Le plein emploi des cadres cache une autre réalité que vit cette population : l’augmentation du chômage de longue durée. Pôle emploi s’est penché sur le phénomène à travers une étude que nous décryptons pour vous.
Comment les cadres vivent le chômage de longue durée

À première vue, on pourrait croire que la vie est belle pour les cadres français. Un taux de chômage à 4 %, un salaire moyen de 55 000 euros brut par an, des avantages non négligeables. Mais si l’on scrute cette catégorie de salariés, on découvre qu’elle est loin d’être uniforme. Ces différences, Pôle emploi vient de les illustrer à travers la publication récente d’une enquête* sur les trajectoires des cadres en période de chômage de longue durée**. Elle révèle que tous ne vivent pas de la même manière cette période de transition.

Chômage et activité réduite

La bonne nouvelle c’est que la majorité des cadres (69 %) retrouvent un emploi stable en 2 ans. Mais parmi eux, deux catégories se distinguent. Celle qui s’en sort le mieux, est celle des 32 % de cadres en chômage de longue durée qui ont rapidement décidé d’exercer une activité réduite (petit, boulot, stage ou formation). Elle est majoritairement composée de candidats de moins de 40 ans et titulaires d’un bac +5. La quasi-totalité de cette catégorie a passé 12 à 21 mois à chercher un emploi stable : 86 % pour les hommes et 83 % pour les femmes.

Une période de recherche moins longue que la deuxième catégorie. On y retrouve 37 % des cadres en chômage de longue durée ayant trouvé un emploi stable après deux ans. Contrairement aux cadres de la première catégorie, ils ont peu occupé d’activités réduites.

Si le choix d’exercer d’une activité réduite semble être déterminant dans la rapidité à retrouver un emploi, il n’est pas toujours le plus approprié. Certains sont en effet parvenus à exercer une activité corrélée à leur projet professionnel et à éviter de sombrer dans l’isolement social en préservant un revenu, un rythme de vie et un réseau professionnel, mais d’autres ont vécu une toute autre expérience.

D’après leur témoignages recueillis par Pôle emploi, ils ont souffert d’un manque de disponibilité ou ont eu le sentiment d’être déclassés et de perdre en compétences. À cela, s’ajoute le sentiment de perdre leur légitimité à occuper un poste de cadre, entraînant une spirale de l’enfermement dont il est difficile de sortir.

L’âge, un facteur aggravant

Pôle emploi a également pu observer, une fois de plus, que l’âge est un facteur allongeant la durée du retour à l’emploi durable. Parmi les chercheurs de longue durée, les 30-49 ans sont les plus représentés. Un résultat étonnant, quand d’ordinaire, ce sont les profils qui plaisent le plus aux recruteurs, car assez expérimentés pour ne plus être débutants et assez frais sur le marché pour ne pas être trop spécialisés.

Mais ils ne sont que de passage. En effet, les 30-49 ans est également la catégorie d’âge la mieux représentée parmi ceux qui quittent durablement Pôle emploi après deux ans d’inscription. Dans ce groupe, on retrouve 71 % de femmes de cette tranche d’âge et 67 % d’hommes. Finalement, l’omniprésence des jeunes seniors (30-49 ans) à Pôle emploi (54 %) correspond à la démographie du marché de l’emploi cadre français où cette même tranche d’âge est la plus représentée (44 % en 2016). Ils sont plus nombreux sur le marché de l’emploi donc leur turn over est plus important.

Pour leurs aînés, c’est en revanche plus difficile. En effet, parmi les 29 % de cadres observés qui ont vécu une réinsertion longue et difficile dans l’emploi et connu 40 mois de chômage en moyenne, 52 % d’entre eux ont plus de 50 ans. Et ils sont globalement moins diplômés que leurs homologues des autres catégories.

Enfin, un petit groupe a trouvé la parade en retrouvant une activité grâce à l’entrepreneuriat. Une solution choisie par seulement 2 % des cadres en chômage de longue durée.

 

*L’enquête, qui a scruté pendant cinq ans les inscriptions et désinscriptions de 48 120 demandeurs d’emploi aux listes de Pôle emploi, est parvenu à dresser une typologie de parcours de cadres ayant connu une recherche d’emploi de longue durée.

**Période de chômage de plus de 12 mois.

Quentin Velluet
Quentin Velluet

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