Coronavirus : pas de ralentissement des recrutements cadres pour le moment

Sylvie Laidet-Ratier

Bonne nouvelle : mis à part les secteurs liés au tourisme, à l’événementiel et au luxe, le marché de l’emploi des cadres est relativement préservé des conséquences du coronavirus. Pour savoir ce qu’ils vivent sur le terrain, la rédaction de Cadremploi a interrogé 5 des plus importants cabinets de recrutements parmi lesquels l’entité Grand-Ouest de Michael Page située dans l’une des zones infectées par le Covid-19. Boom des entretiens en visioconférence, arrêt de la poignée de main… Ces acteurs au plus près des candidats détaillent quelques-unes des mesures prises en attente d’un possible passage au stade 3.
Coronavirus : pas de ralentissement des recrutements cadres pour le moment

Pas moins de 296 600 recrutements de cadres sont prévus d’ici fin 2020. L’année avait commencé sur un rythme soutenu nous avons voulu savoir si la propagation du coronavirus dans l’Hexagone pouvait ralentir la cadence.  Les conséquences sur les recrutements se font évidemment ressentir différemment en fonction des secteurs d’activité.

Un marché de l’emploi des cadres toujours soutenu pour le moment

Si l’on en croit les grands cabinets de recrutement interrogés qui traitent des volumes importants de postes à pourvoir, jusqu’ici tout va bien. Enfin, « à date », entonnent-ils en chœur. En effet, si le stade 3 était déclenché, ils se réservent le droit de réviser leurs propos.

 

Pour l’heure, nous n’enregistrons pas d’annulation de projets de recrutements.

Nicolas Carydis, responsable grand-ouest du cabinet Michael Page, situé dans l’un des foyers du covid-19

 Et l’expert en recrutement d’insister : « Si des annulations survenaient, ce serait une erreur stratégique pour les entreprises. Nous ne travaillons pas sur des embauches de confort mais des recrutements importants pour la croissance des boîtes ». Tout juste, ce pro du recrutement implanté dans l’un des foyers du covid-19, consent-il à préciser que les employeurs basés dans cette zone infectée, modifient leurs process de recrutement.

 

« S’ils sont multisites, ils reçoivent les candidats dans un autre établissement. S’ils sont mono site, on passe par la visioconférence. Quitte à consacrer davantage de temps à expliquer aux candidats leur futur environnement de travail », ajoute-t-il.

 

Même son de cloche chez Robert Walters.

 

A date, tout va bien, ni les clients, ni les candidats ne cèdent à la panique.

Marie-Vanessa Florentin, principal du cabinet Robert Walters.

 

Bien sûr, les professionnels adoptent les précautions sanitaires recommandées : « On a juste intégré les gestes barrière pour se protéger les uns les autres. Donc plus de serrage de mains, du gel hydroalcoolique disponible dès l’accueil du cabinet et certains de mes clients évoquent avoir mis en place une distance de sécurité de 1 mètre à 1,50 mètre entre les bureaux des collaborateurs », constate Marie-Vanessa Florentin.

 

Chez Robert Half, les précautions sont quasi similaires et le business, pas impacté notablement :

 

Une entreprise cliente a demandé un entretien par Skype pour un candidat qui revenait de l’étranger afin de sécuriser la santé de chacun et le process de recrutement.

Claire Tabouret, directrice de la Division Manager au sein de la division Robert Half Legal

 

Mais sinon, rien de bien différent. A suivre dans quelques jours ou quelques semaines tout de même », conclut Claire Tabouret

 

Les fonctions stratégiques priorisées

En cette période d’incertitudes, les employeurs sont amenés à prioriser leurs embauches.

« Les recrutements de commerciaux ou de business developper, bref toutes les fonctions qui consistent à aller chercher de nouveaux clients, restent d’actualité. Idem dans le marketing digital », constate Claire Romanet, dirigeante du cabinet Elaee.

A défaut de se rendre en magasin, les clients vont avoir tendance à renforcer leurs achats sur le net. Quand elles ne le sont pas encore, les entreprises doivent donc être au taquet sur le sujet.

 

Des candidats qui restent au rendez-vous

Dans leur grande majorité, les cabinets de recrutement interrogés, ne constatent pas de craintes de la part des candidats. Selon eux, pas de « ghosting » supplémentaire depuis l’apparition du virus.

Le marché de l’emploi cadres reste pénurique et les talents compliqués à attirer. Seule Claire Romanet, dirigeante du cabinet Elaee, observe que « les candidats rappellent encore moins qu’avant. Qu’ils sont frileux pour bouger dans tous les sens du terme ». Donc à la fois pour changer de job mais aussi pour se déplacer en entretien et demandent la mise en place de visioconférence pour les entretiens.

 

Des recrutements en stand-by (voire plus) dans le tourisme, le luxe et l’événementiel

En revanche, sont touchés de plein fouet des secteurs comme :

  • le tourisme
  • la restauration
  • l’événementiel
  • et par ricochet le luxe.

 

Moins de touristes, notamment asiatiques, et c’est toute la planète luxe qui trinque.

Mes clients dans le luxe affichent en façade de la confiance et de l’optimisme mais reportent sine die les recrutements initialement prévus dans les semaines à venir.

Emmanuel Stanislas, dirigeant du cabinet de recrutement Clémentine.

 

Dans le tourisme, c’est encore pire : « En quelques jours, on est passé d’une situation où l’on définissait ensemble des profils de candidats à un discours où, la fin des périodes d’essai pour les nouveaux arrivants, est évoquée », témoigne Emmanuel Stanislas.

« Tout le monde attend en fait le stade 3, donc beaucoup d’incertitudes. L’un de nos clients dans l’événementiel vient de mettre en stand-by une offre de responsable communication & marketing. Elle sera peut-être réactivée dans 3 mois », confirme Claire Romanet, dirigeante du cabinet de recrutement Elaee.

Dans les entreprises de taille moyenne, où la DRH ne compte pas pléthore de collaborateurs, l’équipe RH peut rapidement se retrouver mobilisée à 100% sur le Covid-19. Notamment pour informer les salariés, organiser le plan de continuation de l’activité, etc… Dans ce cas, les embauches ne sont pas gelées mais tout simplement laissées en jachère car les RH ont, comme on dit, d’autres chats à fouetter.

 

Sylvie Laidet-Ratier
Sylvie Laidet-Ratier

Journaliste indépendante, je réalise des enquêtes, des portraits, des reportages, des podcasts... sur la vie des salariés en entreprise. Égalité femmes-hommes, diversité, management, inclusion, innovation font partie de mes sujets de prédilection.

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