Dans le déjà vieux débat qui oppose les fans du CV anonyme à ses détracteurs, voilà une pierre dans le jardin de chacun. C'est que, selon une étude chorale du Crest, du J-Pal Europe et de PSE-Ecole d'économie de Paris, le fameux curriculum ne ferait que pénaliser les candidats issus de l'immigration. Mais en revanche, il discriminerait moins les femmes que le curriculum classique.
Par quelle bizarre dérive les enquêteurs sont-ils parvenus à ce drôle de constat ? En fait, la bizarrerie est à chercher du côté des DRH qui auscultent les CV. Le Crest leur en a fait parvenir 6700, totalement anonymes, pour répondre à des offres de CDD ou de CDI. Et il s'avère que ces recruteurs sont plus sensibles aux fôtes d'aurtographes sur ces CV non identifiés que sur les CV à l'ancienne. C'est qu'avec ces derniers, ils pardonnaient plus facilement lesdites fautes lorsque le nom de leur auteur était de consonance étrangère. Résultat : selon la conclusion de l' enquête, « avec un CV nominatif, ils ont une chance sur 10 d'obtenir un entretien, contre seulement une sur 22 pour celui qui envoie son CV de façon anonyme. »
En revanche, il semblerait que l'homme des RH préfère les hommes, toujours selon l'étude. Si le recruteur est masculin, une femme sur 27 seulement serait reçue en entretien, si elle a envoyé un CV qui mentionne sa féminitude. En revanche, son anonymat sexuel lui profite : elles ont été 4,5 fois plus nombreuses à passer le barrage du tri.
Évidemment cette enquête nous en apprend de belles, et bien au-delà du simple problème du CV anonyme. Notamment sur l'insondable mystère du choix inconscient d'un recruteur. D'ailleurs les enquêteurs, qui ont eu la puce à oreille au vu des résultats, nous promettent d'y revenir. En revanche, elle ne fait pas beaucoup avancer le cas et le débat sur le CV anonyme qui, de toute manière, n'en avait pas besoin pour stagner.
Rappelons la loi votée par les deux assemblées en 2006. Elle dit que les entreprises de plus de 50 salariés doivent obligatoirement en passer par le CV anonyme pour recruter. Sauf que, 5 ans après, les décrets d'application ne sont toujours pas parus. Sûrement à cause d'un problème d'imprimerie au Journal officiel.
Michel Holtz © Cadremploi.fr
