Démissionner pour le salaire, quitte à être malheureux ?

Ingrid Falquy

Se voir offrir une meilleure rémunération est la première des raisons qui poussent les Français à changer de boîte. Une vraie contradiction à l’heure où les salariés affichent leur envie de faire primer le bonheur au travail. Explications.
Démissionner pour le salaire, quitte à être malheureux ?

Pour attirer un collaborateur, rien de tel que de lui proposer un meilleur salaire. C’est ce que révèle une étude réalisée par le cabinet Robert Half auprès de 1 000 salariés français. Ils sont 69 % à estimer pouvoir quitter leur poste parce qu’on leur a proposé une meilleure rémunération. Bien en dessous, 12 % d’entre eux pourraient faire ce choix dans le but de mieux équilibrer leur temps de vie. Viennent ensuite l’envie d’une meilleure culture d’entreprise, de nouvelles perspectives de carrière et une situation géographique différente. La relation avec les collègues et managers n’en convainc que 3 %.

Pourtant, quand on les interroge sur les motifs de leur satisfaction professionnelle, le bon niveau de salaire ne prime pas sur le reste. Trouver un équilibre entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle, l’intérêt des missions et la bonne ambiance entre collègues apparaissent comme plus essentiels*.

Le salaire, un facteur objectif sur lequel on ne peut pas mentir

Pourquoi une telle schizophrénie ? Déjà, parce que le salaire est un facteur objectif sur lequel on ne peut pas mentir. Promettre une meilleure ambiance de travail ou des horaires allégés pour pouvoir s’occuper des enfants, c’est vendeur sur le papier mais difficile à vérifier. « L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs. On ne peut savoir si la qualité de vie au travail est bonne qu’après un mois en entreprise, pas pendant des entretiens d’embauche », confirme Karine Doukhan, directrice du pôle management de transition chez Robert Half.

Il faut aussi noter que la population pour qui le salaire est l’unique motivation de démission est plutôt jeune et opportuniste. Plus on vieillit, plus on se rend compte à quel point la vie quotidienne sur son lieu de travail est importante. « Certes, les étudiants se disent de plus en plus tentés par des petites boîtes à l’ambiance familiale, mais la réalité c’est qu’au début ils sont surtout intéressés par le salaire, perçu comme un label pour le reste de la carrière », explique Karine Doukhan.

Des leviers de fidélisation des entreprises

« Les entreprises ont pris conscience que les démissions coûtent cher et que la rétention des salariés passe d’une part par le salaire, d’autre part par la qualité de vie au travail. Aucun de ces deux aspects ne doit être négligé », conclue Karine Doukhan. Et vous, pour quoi seriez-vous prêt à quitter votre entreprise ?

 

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*Étude de TNS Sofres pour l’Anact, Concilier sa vie professionnelle et sa vie privée

Ingrid Falquy
Ingrid Falquy

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