Des docteurs aptes pour l'expertise, moins pour l'entreprise?

Michel Holtz

L'Allemagne, c'est tendance. Alors, dans ce grand vent comparatif du moment avec le cousin germain, la situation des docteurs de chez nous et des doktors de là-bas mérite d'être observée de près. Vénérés et embauchés de l'autre côté du Rhin, ils sont malmenés et délaissés de ce côté-ci. Et souvent oubliés par les entreprises qui leurs préfèrent les diplômés de Masters.

Alors, chaque année, des études tentent de faire de la pédagogie pour DRH en expliquant les multiples qualités des docteurs et doctorants. Nous nous en étions d'ailleurs fait l'écho ici-même. La dernière étude en date, baptisée Career, a été diffusée hier avec le concours de 32 organismes publics et privés. 5 000 chercheurs, recruteurs et doctorants - évidemment - s'en sont allés ausculter, discuter et noter les compétences de ces bac + 8 que les recruteurs connaîtraient si mal.

Conclusion ? « Si chaque compétence de cet ensemble, prise isolément, n'est pas particulièrement spécifique aux docteurs, c'est la réunion de toutes ces compétences chez tous les docteurs qui constitue leur spécificité. » Voilà pour l'analyse globale.

Mais lorsqu'on entre dans le détail, l'étude peine à renverser l'image que la France se fait de ses bac+8. Ainsi, l'expertise scientifique et technique des docteurs a séduit 40,4 % des scrutateurs. Mais leur pluridiscipline n'a retenu l'attention que de 3,3 % d'entre eux. Quant à leur comportement, savoir-être et talent de communication (autant de qualités plutôt indispensables pour bien naviguer dans une entreprise), c'est loin d'être un sans faute. Seuls 3,6 % des jurés leur ont reconnus des qualités d'écoute et 12,4 % des talents d'orateurs particulières. Pour la gestion du stress et la confiance en soi, c'est pire : seuls 2,9 % des docteurs seraient passés maîtres dans cet art.

Bref, si les postes d'experts leur correspondent sans problème, la grosse moyennes des docteurs français aurait encore quelques obstacles à franchir pour s'épanouir dans le management. A noter, justement : la responsable de cette vaste étude est titulaire d'un Master et ses collaborateurs sont doctorants. Qu'en pensez-vous ?

Michel Holtz © Cadremploi.fr

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