Deux tiers des cadres français envisagent de démissionner

Sylvia Di Pasquale

Dans une étude inédite en France, l’Ifop et Cadremploi ont interrogé les cadres sur leur vision de la démission et les raisons qui les pousseraient à partir. Résultats commentés.
Deux tiers des cadres français envisagent de démissionner

« Chez les cadres, la démission est davantage un sentiment passager qu’une envie enracinée », prévient Frédéric Dabi, DGA de l’Ifop. En France, il s’agit d’un thème tabou, très peu d’enquêtes lui ont été consacré. C’est pourquoi l’Ifop et Cadremploi ont décidé de sonder les cadres et de publier une enquête exclusive* afin de dresser les contours du phénomène de la démission.

Quels cadres envisagent de démissionner ?

Au global, 62 % des cadres ont déjà pensé à démissionner. Mais ils sont beaucoup plus nombreux dans la tranche 18-24 ans (74 %) que dans la tranche des plus de 50 ans (49 %). Logiquement, moins ils s’estiment épanouis dans leur vie pro, plus ils sont nombreux à vouloir poser leur démission. De plus, on constate un effet cumulatif : plus ils ont déjà démissionné, plus ils pensent à recommencer (71% chez les cadres ayant déjà démissionné au moins deux fois).

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>> Lire aussi : Les 10 signes qui montrent qu’il est temps de démissionner

 

Le travail essentiel à l’épanouissement

Globalement, les cadres se disent épanouis dans leur quotidien. Et le travail joue un rôle important. Une très large majorité (92%) estime que son travail a un impact sur son épanouissement global.

 

 

Les déclencheurs d’une démission

Pas vraiment de raisons dominantes parmi celles qui incitent les cadres à démissionner, les motifs cités étant très variés. Au-delà des raisons relevant de la vie personnelle,  le manque de perspectives professionnelles et la rémunération cumulent les plus fortes citations. Mais on voit que ces raisons ne sont pas complètement décisives puisque d’autres motifs sont également cités (relations avec le manager, intérêt des missions, etc)

 

 

Les attentes après une démission

A la différence des raisons qui motivent une démission qui étaient atomisées, les attentes des cadres qui envisagent de démissionner sont beaucoup plus nettes.  La démission est avant tout un objectif de revalorisation de sa rémunération (55 %) et de gain en épanouissement (50 %). Et en 3ᵉ position, la surcharge de travail, « le talon d’Achille des cadres », dixit Frédéric Dabi, est certes moins cité mais important (37%).

 

Par quoi passe l’épanouissement du cadre ?

L’envie d’ailleurs est légèrement majoritaire : 52 % des cadres envisagent de quitter leur boîte plutôt que d’y évoluer. « S’inscrire dans une carrière longue et linéaire au sein de son entreprise n’est plus prioritaire chez les cadres », analyse Thibaut Gemignani, le directeur général de Cadremploi.

 

Pas de « culture » de la démission chez les cadres

« Les cadres – qui sont plus de 3 millions en France dans le secteur privé - évoluent sur un marché de plein emploi où les entreprises ont des difficultés à les recruter et à les fidéliser, commente Julien Breuilh, Directeur des études de Cadremploi. Les cadres ont donc la chance de pouvoir envisager de quitter leur entreprise pour tenter d’être plus heureux ailleurs si cette dernière ne répond pas à leurs attentes.  Mais pour les cadres ayant envie de passer à l’acte, la démission reste toujours un risque et associée à un sentiment d’échec. Pourtant, pour ceux qui ont osé franchir le cap, les impacts de la démission sont très positifs notamment sur leur vie privée. »

 

>> Lire aussi : Démission, que faire le dernier jour ?

>> Et pour ceux qui ont du mal  : SAV du manager #1 : comment laisser partir un collaborateur qui démissionne

* Les cadres et la démission, étude Ifop/Cadremploi auprès d’un échantillon représentatif de 1001 cadres actifs en poste, 13 novembre 2018.

>> Communiqué de presse :  Les cadres et la démission

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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