- Dans la banque : costume, oui, cravate, pas forcément…
- Bouder l’uniforme pour mieux se différencier
- Dans le retail, haro sur le tailleur en comité de direction
- Dans les start-up, boulot, perso : même topo
- « Etre habillé tel que je suis m’a ouvert des portes »
- Friday wear : une absence de codes parfois déstabilisante
Dans la banque : costume, oui, cravate, pas forcément…
Obligatoire il y a 15 ans, la cravate se fait de plus en plus rare dans l’univers de la banque d’affaires. Même si elle ressort pour certains rendez-vous clients. « Je porte une cravate à l’extérieur quand elle est adaptée à mon interlocuteur », précise Vincent Diernaz, cadre front office à la Société Générale.

Pour un mimétisme parfait, gage d’une relation commerciale facilitée, la cravate est la pièce clé de la communication non verbale. « Ne pas adapter sa tenue à son client peut tendre les échanges inutilement », justifie le banquier.
Encore très encadré, le dress code bancaire respecte quelques règles incontournables : col obligatoire et chemise sobre (toujours dans le pantalon) pour la gent masculine. La chemisette est proscrite. « Moins on montre de chair, mieux c’est, lorsque l’on est un homme », ajoute Vincent Diernaz. A contrario, les femmes peuvent porter jupe sans collants et manches courtes.
Le costume, quant à lui, reste indispensable, particulièrement pour le top management. Et pour cause. « Les vêtements ont un langage. La veste, épaulée, marque le leadership. C’est sur l’épaule que se portent les galons », remarque Aude Roy, coach en posture professionnelle.
Bouder l’uniforme pour mieux se différencier
Après 27 ans passée dans la banque d’investissement, Laurent D’Arjuzon, ancien cadre supérieur chez BNP Paribas, nous livre une vision légèrement différente. Sa tenue quotidienne : pantalon noir en toile, chemise blanche, chaussures en cuir. Pas de cravate. Une veste à la main, jamais sur le dos. Question de confort et de différenciation souhaitée. « J’ai toujours pensé que l’uniforme était un outil de mise au pas. Ne jamais porter de cravate a toujours dérangé. Je l’ai assumé et même revendiqué », confesse-t-il.
Dans l’univers des salles de marché, le dress code imposé tend aujourd’hui vers moins de formalisme. Les traders, au grand dam de leurs managers encore attachés au costume-cravate, arborent régulièrement jean et chemise ouverte. Une façon pour eux de se différencier des banquiers traditionnels et de leur image austère. « De façon générale, il règne dans la banque un conservatisme certain autour de l’uniforme. Le flex office, qui ne permet plus aux cadres de collectionner cravates et costume de secours au bureau, fera peut-être évoluer les choses…», espère Laurent D’Arjuzon.

Dans le retail, haro sur le tailleur en comité de direction
Emmanuelle Germani est DRH et DSI de la marque Kaporal. Son style ? Casual joyeux, du lundi au vendredi. Sa tenue du jour : pantalon noir, bomber fleuri et talons. « Les codes vestimentaires doivent refléter ce que l’on vit dans l’entreprise. Kaporal est une enseigne de mode. C’est aussi une société familiale qui a gardé un état d’esprit simple. », explique-t-elle.
Les jours de comité de direction, hors de question de changer de style. Seuls quelques événements exceptionnels (rendez-vous institutionnels, conférence…) peuvent formaliser son look. La veste fait alors son apparition, la robe peut remplacer le pantalon. « On se reconnaît parce qu’on a les mêmes codes », affirme-t-elle pour justifier l’ajout de quelques pièces opportunistes.

Dans les start-up, boulot, perso : même topo
« Avoir la même tronche à l’intérieur qu’à l’extérieur ». La messe est dite. Pour Guillaume Gibault, Président du Slip français, hors de question d’adopter un look spécial boulot. Tous les jours, c’est en jean et baskets qu’il dirige les 110 personnes de sa florissante start-up. Un choix pratique, mais aussi philosophique. « J’ai besoin d’une tenue confortable pour porter des cartons, prendre le train », confesse-t-il.
Heureux d’exercer un métier passion, le jeune entrepreneur voit sa vie professionnelle comme le prolongement de sa vie personnelle. Une philosophie qu’il applique dans son management. Pas de dress code imposé : chacun a la liberté d’être lui-même. Dans les affaires, comme dans la vie « il n’y a pas de meilleur marketing que la vérité », ajoute-t-il. Une stratégie payante : Le Slip Français flirte chaque année avec le 9/10 dans le baromètre Happy At Work valorisant les entreprises où il fait bon travailler.

« Etre habillé tel que je suis m’a ouvert des portes »
Même constat pour Sylvain Sengbandith, Head of acquisition on-line chez Ornikar. Son style ? le streetwear. Son look fétiche ? Un jean, un t-shirt et ses sacro-saintes Nike Cortez aux pieds. Sa tenue doit refléter sa personnalité. Hors de question de jouer un rôle, quitte à passer pour le rebelle de service. « Lorsque j’étais aux Echos, je venais en baggy et Reebok, ce qui tranchait radicalement avec le dress code de l’entreprise ». En enlevant une carapace qu’il estime artificielle, Sylvain veut être jugé pour ses capacités et non pour l’image qu’il renvoie. Un leitmotiv qu’il entretient depuis ses débuts. « Il m’est arrivé d’aller à une remise de prix télévisée avec le polo de l’entreprise, des baskets et un jean », affirme-t-il. En charge des RP, défendre les couleurs de son employeur est plus important que rentrer dans le moule vestimentaire des autres lauréats. Pari gagnant : il est perçu comme quelqu’un d’impliqué, décroche contacts et mises en avant intéressants.

Friday wear : une absence de codes parfois déstabilisante
S’habiller plus cool le vendredi ? C’est une aubaine pour certains mais un casse-tête pour d’autres. « Pour les hommes, il y a plus de probabilités de faire des erreurs avec un look casual qu’avec un costume-cravate », affirme Aude Roy, auteur du livre « Maîtrisez votre image professionnelle ».
A contrario, pour les femmes, il ne change pas grand-chose. Profitant d’une grande variété vestimentaire, elles n’ont pas plus de risques de commettre une erreur le vendredi que les autres jours.
Une tenue décontractée peut aussi dévoiler des repères intimes. Marques et style de vêtements sont des marqueurs sociaux pour ceux qui les portent. Le sentiment d’appartenance à une communauté, unie par son costume en semaine, peut aussi être amoindri. C’est la raison pour laquelle certains hommes conservent le costume ou remplacent prudemment le pantalon par un jean ou un chino, toujours accompagné du combo veste-chemise.
Un inconfort accentué par le développement des réunions à distance et du télétravail. « Ces nouvelles pratiques sont une intrusion dans la vie intime. Certains collaborateurs sont perdus car ils n’ont pas les codes », ajoute Aude Roy. Pour ne pas se tromper : fond neutre et tenue sobre sont des règles de bon sens, à appliquer sans hésiter.

Journaliste, Manuelle Bermann s’intéresse à tous les sujets liés à la mode. Après 18 ans dans le marketing, elle porte un regard expert sur l’impact de l’apparence dans l’univers professionnel. Elle écrit pour Cadremploi des articles liés à la gestion de l’image en entreprise. Elle édite également le site web La Grande Mode, destiné aux working girls en quête de looks chics et accessibles à toutes.