« Votre nouvelle vie commence ici ! » C'est avec cette invitation, par le biais d'une grande campagne d'affichage, que la Marine Nationale entend étoffer ses rangs. Conséquence de la professionnalisation de l'Armée française, la Royale est passée de 70 000 à 55 000 personnes en quelques années. Cette réduction d'effectif a entraîné des changements de structures pour pallier le manque d'appelés. Une bonne opportunité pour qui souhaite construire tout ou partie de sa carrière avec la Marine Nationale.
Présentation de cette « nouvelle vie » avec le Capitaine de Frégate Denis Bertrand, responsable du recrutement des officiers.
Du fait de la professionnalisation de l'Armée, la Marine Nationale recrute-t-elle désormais comme une entreprise classique ?
Denis Bertrand : La Marine Nationale recrute beaucoup plus qu'une entreprise classique ! A peu près 5 000 personnes par an, dont l'essentiel est recruté directement dans le civil.
Pour les officiers, différentes offres sont adaptées à différentes logiques. La première s'adresse aux jeunes diplômés souhaitant faire carrière dans la Marine, devenir des chefs militaires et des professionnels de la mer. Ils auront une vision globale de la Marine Nationale, iront passer plusieurs années sur le terrain (nos bâtiments, nos flottilles d'aéronefs, nos sous-marins...) pour acquérir une réelle expérience, avant d'accéder à des postes de responsabilités supérieures.
Autre recrutement : des officiers engagés pour 5 à 20 ans en contrats successifs, constituant pour eux une première carrière professionnelle. On recrute des jeunes gens pour en faire des Officiers de Marine au sens le plus complet et généraliste du terme. Mais on recherche aussi par ce recrutement des spécialistes qui s'orienteront vers le renseignement et les relations interNationales, la communication et les relations publiques, le contrôle des opérations aériennes, etc.
Enfin, autre point d'entrée : des contrats courts pour jeunes diplômés cherchant une première expérience professionnelle. Ces contrats de 2, 3, 4 ou 5 ans, renouvelables, se font dans un domaine de spécialité immédiat. Les fonctions occupées par l'officier sont sans connotations militaires dominantes. Par exemple : ingénieur informaticien, responsable qualité, pharmacien chimiste, expert en communication. Ces experts sont recrutés en contrat court, avec une fiche de poste précisant les fonctions exactes, les contraintes liées à l'emploi, les supérieurs hiérarchiques, etc. C'est un recrutement qu'on a voulu très proche des recrutements civils. Cela nous permet d'être réactif et il reste ouvert sur Internet tout au long de l'année au cas par cas.

Toujours par rapport à cette professionnalisation, peut-on être licencié ou peut-on même négocier son salaire dans la Marine Nationale ?
D. B. : Quand vous êtes Officier de carrière, la limite de votre contrat avec « l'entreprise » Marine Nationale, c'est la limite d'âge de votre grade. Quelqu'un qui rentre avec un statut de carrière sert s'il le souhaite jusqu'à 52 ans au moins, et généralement 54-56 ans voire plus pour les amiraux.
Pour ce qui est des contrats, pendant leur exécution, sauf faute grave, il ne peut y avoir rupture. On va jusqu'au bout. Et il y a une période de préavis de l'ordre de 18 mois pendant laquelle est négociée une reconduite éventuelle en fonction des aspirations de l'individu et des besoins de la Marine. La logique en général est de rester au total entre 10 et 20 ans.
Sur la question des salaires, l'intérêt de la Marine est de s'inscrire dans des niveaux compétitifs, associés à une progression régulière. Il n'y a pas d'accident de parcours comme on peut en connaître dans certaines entreprises. Quelqu'un qui entre dans la Marine est payé dès le début, y compris pendant sa formation interne. Un jeune officier d'un an d'expérience par exemple, célibataire, va percevoir entre 2 000 et 2 300 euros à un premier niveau de responsabilité. Mais il est difficile pour nous de donner des fourchettes générales de salaire, car il faut aussi éventuellement ajouter les accessoires de soldes, autrement dit des primes d'embarquement, d'outre mer, de risques, etc. On peut alors d'un mois à l'autre voir sa solde agrémentée de quelques avantages. Par ailleurs, certains emplois, certaines spécialités ont aussi le droit à des compléments.
En résumé, on ne négocie pas directement son salaire parce qu'on est lié par les grilles de la fonction publique. En revanche, on construit sa carrière en fonction de ses capacités et de ses choix, d'ordre personnel, techniques et géographiques. Et c'est de cette manière que vous pouvez faire évoluer votre rémunération.
Quel type de profils recherchez-vous particulièrement pour vos cadres ?
D. B. : Nous recherchons tout d'abord des jeunes gens motivés, capables de diriger des équipes et voulant exercer de vrais responsabilités dans un cadre militaire.
Pour ce qui concerne le recrutement sur titre, nous recherchons des Bac +4 scientifiques qui rejoignent l'Ecole navale en 2ᵉ année, et qui ont la possibilité d'être diplômé ingénieurs de l'Ecole navale. Nous recherchons également, en 3ᵉ année, des Bac +5, au profil d'ingénieur, école de commerce, ou généraliste, dans tous les domaines. Ce qu'il ne faut pas perdre de vue, c'est que nous recherchons des jeunes gens capables de s'adapter, et d'utiliser leur savoir surtout comme clé pour comprendre le monde et résoudre des problèmes. Ce que nous voulons en faire avant tout, ce sont des officiers de Marine polyvalents qui apprendront à commander des bateaux, à en assurer la disponibilité opérationnelle, à mener des opérations et à diriger des hommes. Tout leur savoir-faire acquis, leur domaine d'expertise, est le petit « plus » qu'ils amèneront à la Marine. En aucun cas, ils ne seront cantonnés à ce seul domaine d'expertise.
Pour les officiers sous contrat, nous recrutons dès le Bac +3, dans tous les domaines.
Quels atouts mettez-vous en avant aujourd'hui pour séduire les candidats potentiels ?
D. B. : La Marine, c'est un univers à part, un métier que l'on ne peut faire qu'avec passion. Un univers où les relations sont basées sur la compétence et la confiance. Quelqu'un qui rentre chez nous, un jeune diplômé, même sans formation, on lui fera confiance, on lui confiera une équipe et des responsabilités. Rentrer dans la Marine, c'est rentrer dans un univers où les gens sont solidaires, où les relations de travail ne sont pas que des relations de travail, mais aussi des relations de confiance, d'estime, de camaraderie qui sont fortes et prégnantes. Rentrer dans la Marine, c'est avoir l'ambition personnelle d'être utile dans son travail, à son pays, à ses concitoyens. C'est aussi vouloir disposer du meilleur de la technologie. C'est ce mélange de technique, de passion, de rêve, d'ouverture au monde et de fierté personnelle du travail accompli qui fait que l'on est fait pour rentrer dans la Marine.
Zoom sur le Capitaine de Frégate, Denis Bertrand, responsable dans la Marine Nationale.
Voilà 17 ans maintenant que Denis Bertrand vogue pour la Marine Nationale. Port d'attache : l'Ecole navale avant de partir naviguer sur toutes les mers du globe, de servir sur différents types de bateaux, dans toutes les responsabilités. Ce spécialiste de la lutte anti-navire et anti-aérienne prend le commandement d'un bâtiment de transport à Djibouti puis d'un Aviso à Toulon, et occupe entre ses affectations des fonctions de chef de cabinet à l'Ecole navale. Fort de ses expériences concrètes, et après un passage au collège interarmées de Défense, il prend la direction du recrutement Officiers du Service d'Information sur les Carrières de la Marine. Bref, un cursus exemplaire !

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