Entretien avec Martin Lepoutre, DG, Plus Intérim

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Profitant des mutations sociales de ces 20 dernières années, l'intérim représente aujourd'hui un secteur à part entière sur le marché de l'emploi. Il ne se cantonne plus essentiellement au BTP, mais s'applique aussi aux métiers du Tertiaire. L'une des sociétés spécialistes en la matière, Plus Intérim, a fondé sa croissance sur ce secteur. Créée dans les années 70, elle propose aujourd'hui des missions de services à grandes valeurs ajoutées. Tour d'horizon du marché avec Martin Lepoutre, directeur général de Plus Intérim.

 

 

En quoi l'intérim aujourd'hui est-il différent de celui que l'on connaissait il y a 20 ou 30 ans ?
Martin Lepoutre :
Il y a eu des évolutions importantes. Une évolution sociale : le statut de l'intérimaire a été amélioré de façon constante au cours des 20 dernières années. Aujourd'hui, les avantages dont bénéficient les intérimaires sont réels, que ce soit au niveau de la formation, de l'aide au logement, des mutuelles, etc. Il y a eu aussi et surtout une évolution de la place de l'intérim comme moteur du marché de l'emploi. En effet, un nombre considérable d'intérimaires utilisent l'intérim comme porte d'entrée dans le monde du travail.
En fait, il est important de se débarrasser de cette idée fausse de l'intérim qui sous-emploie des gens, dans des conditions précaires, avec tous les aléas et les menaces liés à cette image. La qualité des missions demandées par nos clients a considérablement évolué. Fût un temps, dans le secteur tertiaire, on demandait des intérimaires pour des tâches d'exécution, du secrétariat, de la frappe, du classement. Aujourd'hui, on nous contacte pour des missions plus pointues dans le domaine de la finance, de la gestion, de la comptabilité, de l'informatique, de l'assistance de direction, etc.

 

 

 

Peut-on faire carrière dans et par l'intérim ?
M. L.
: On peut faire carrière dans l'intérim par vocation. Certains souhaitent en effet conserver une certaine liberté d'action et bénéficier des avantages financiers liés à l'intérim. Ainsi, pendant 5, 10, 20 ans, il y a des gens qui restent intérimaires. Leur nombre est non négligeable. L'intérim en tant que tel peut donc être une façon de gérer une carrière professionnelle.
Et puis, il y a le second volet évoqué précédemment : l'intérim en tant que tranches de vie ; porte d'entrée dans le monde du travail, accompagnement dans le cadre d'une mobilité géographique, d'un changement d'orientation. En clair, une personne réalise 2 ou 3 missions à un moment donné et finit par intégrer l'entreprise en contrat classique. Il faut savoir que, entre 1997 et 2000, 380 000 emplois ont été créés grâce à l'intérim.

 

 

 

 

L'intérim passe d'ailleurs pour être un bon indicateur du climat économique...
M. L. : Effectivement, quand il y a installation de la croissance, il y a une création importante de postes intérimaires. Et, malheureusement, l'inverse se vérifie ; le marché de l'intérim le subit de manière très négative. Les économistes le disent : il y a une véritable élasticité du marché de l'emploi intérimaire par rapport à la croissance ou le recul économique. C'était très net entre 1998 et 2000 : la création de postes, grâce à l'intérim, a plus que doublé en trois ans.
Jusqu'à l'été 2001, ce marché se portait très bien, collant parfaitement à la conjoncture économique. Et puis, depuis août-septembre 2001, on a subi un ralentissement, lié au climat général en France, et dans le reste du monde.
Aujourd'hui, cette décélération a touché le fond et les perspectives, à court ou moyen terme, sont plus optimistes qu'elles ne l'étaient il y a 6 mois. Le redémarrage, on le sent, il y a un frémissement visible dans certains domaines d'activité.

 

 

 

Quelles sont les demandes du marché de l'intérim actuellement ?
M. L. : Pour le secteur qui nous concerne, c'est-à-dire le tertiaire, il existe une tension très nette pour les métiers liés à la comptabilité. La demande est très forte.
Nos clients font aussi appel à nous pour tous les métiers demandant des compétences dans les langues comme le secrétariat et la traduction. Pour le secteur informatique, qui a beaucoup souffert ces derniers mois, nous avons un redémarrage. Enfin, concernant les cadres, il n'y a pas eu vraiment de chute. On est beaucoup plus sur une tendance de fond sur le long terme, à savoir une croissance soutenue, confirmée encore pour 2002.

Zoom sur Martin Lepoutre
Originaire du Nord, âgé de 45 ans, Martin Lepoutre se plaît à le préciser d'un ton chaleureux : plus qu'un spécialiste de l'intérim, il est avant tout un habitué des postes d'encadrement et de direction d'entreprise. Et la polyvalence de son cursus laisse d'ailleurs supposer qu'elle constitue l'un des atouts majeurs pour le poste qu'il occupe au sein de Plus Intérim. Diplômé de l'EDHEC, il est en effet passé par les directions d'entreprises de secteurs aussi variés que l'optique, l'art de la table ou encore le nautisme.

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