Espaces de coworking : des salariés au milieu des free-lances et startupers

Quentin Velluet

Après les freelances et les startupers, les salariés commencent à leur tour à goûter au coworking, malgré des a priori persistants côté entreprises.
Espaces de coworking : des salariés au milieu des free-lances et startupers

Acquis à la cause du télétravail, les salariés français sont 73 % à se déclarer favorables à cette alternative selon une étude de LBMG Worklabs parue en 2013. En Île-de-France, les actifs perdent en moyenne une heure et demie par jour à se rendre sur leur lieu de travail. Avec les 410 espaces de coworking recensés en France, dont 138 en Île-de-France, ils pourraient gagner du temps, de la productivité, du bien-être, mais aussi de l’argent : « Chaque télétravailleur (en télétravail en moyenne 2 jours par semaine) économise 124 € par mois en réduisant ses dépenses liées au transport (essence, entretien du véhicule), aux repas et aux services à la personne (garde d’enfants, etc.) », concluait en 2014, une étude de la Caisse des Dépôts.

En passe de devenir une réelle alternative au bureau ou au domicile, les espaces de coworking séduisent d’ores et déjà quelques grandes entreprises. Allianz, EDF, Socotec France, Siveco ou encore Pricer, louent actuellement des espaces au sein des Blue Office, ces coworking développés par le spécialiste de l’immobilier Nexity.

Le travail en mode relax

À Issy-les-Moulineaux, depuis juin 2015, c’est la branche immobilière de Bouygues qui fait le pari du coworking. Dans la forêt intimidante des sièges sociaux de multinationales, l’espace Nextdoor fait figure d’ovni. Le concept : 2 600 m² de bureaux privatifs ou partagés ouverts jours et nuits, des espaces collaboratifs, un petit restaurant, des terrasses, des douches, un jardin et même une tireuse à bière… L’endroit se veut décontracté, à l’image d’une grande colocation : les clients ont tous un badge qui leur donne accès à la totalité des services et sert également de carte de paiement. Ultra équipé, ce lieu de travail atypique a de quoi convaincre les grandes entreprises à venir installer quelques-uns de leurs collaborateurs.

Même s’il n’est pas précurseur sur le concept, le projet de Bouygues Immobilier se veut différent par sa dimension conviviale. Ainsi, la relation humaine aboutie parfois à une collaboration professionnelle : « Il arrive que les start-up que nous hébergeons s’échangent de petits services entre elles », confie Stephen André, directeur marketing et communication de Nextdoor. L’échange de compétences se fait aussi avec des conférences données à titre gracieux. Et parfois, il prend la forme d’une soirée dédiée uniquement à la détente des locataires.

Convertir et rassurer les grandes entreprises

Avec une moyenne d’âge de 31 ans, le lieu bouillonne de vie et donne des idées à ses responsables : « Nous voulons faire comprendre aux grandes entreprises que le travail de demain se partagera entre le domicile, le bureau et les tiers lieux », explique Stephen André. Certaines ont déjà passé le cap : Securitas, spécialisée dans la sécurité privée a déménagé sa direction marketing et la rédaction du quotidien gratuit Metronews a posé ses bagages sur un étage entier.  

Attirer les grandes structures, c’est aussi l’idée de Baptiste Broughton, directeur de Neo-nomade. Avec son application qui met en relation télétravailleurs et espaces de coworking à la manière d’un Airbnb, il milite pour la pratique du télétravail : « Lorsque nous démarchons des entreprises, nous faisons en sorte d’apporter une solution clés en main pour leur prouver qu’il n’y a rien de compliqué à mettre en place un tel dispositif sécurisé et rassurant ». Tout l’objectif est de simplifier et accompagner le recours au coworking. Pour cela, Neo-nomade propose des comptes professionnels à crédit que les collaborateurs utilisent comme bon leur semble. Parallèlement, Baptiste Broughton teste la faisabilité du dispositif auprès de ses clients en sélectionnant des groupes pilotes. Schneider Electric, EDF ou encore Colliers International ont ainsi testé pendant un an la solution et sont en phase de conversion. « La seule excuse encore valable pour les entreprises c’est le manque d’offre d’espaces rassurants et sécurisants », conclut Philippe Morel, président de Nextdoor.

Quentin Velluet
Quentin Velluet

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