Et si l'autolib' remplaçait la voiture de fonction ?

Michel Holtz

La bagnole de fonction, légion d'honneur des cadres méritants, est peut-être en train d'entamer ses derniers tour de piste. Du moins si l'on en croit Antonin Léonard. Cet entrepreneur spécialisé dans la consommation collaborative l'a prédit au cours d'un colloque organisé en fin d'année dernière par l'OVE (Observatoire du véhicule d'entreprise).

Oubliée la berline statutaire, place à l'autolib' de fonction : une voiture partagée par les salariés qui l'utiliseront en fonction de leurs besoins. Pour étayer ses dires face à un parterre de responsables de flottes d'entreprises, ce dernier a avancé ses arguments : le coût élevé de ces autos en temps de crise, le fait qu'elles dorment sur un parking une majeure partie du temps et la fin du mythe de la voiture érigée en signe extérieur de notabilité.

Ce dernier point constitue un clin d'œil appuyé à la fameuse génération Y pour qui, effectivement, l'auto n'est plus ce qu'elle était. Reste qu'Antonin Léonard semble négliger deux petites choses. D'une part, cette génération n'a pas encore franchement pris le pouvoir dans les entreprises. Les cadres dirigeants, quadras ou quinquas, sont des enfants du 20e siècle, celui du règne automobile auquel ils ont goûté depuis les Dinky Toys de leur tendre enfance.

De plus, le conférencier de la consommation partagée semble sous estimer la rémunération déguisée que constitue la voiture de fonction. Car nombre d'entre elles sont utilisées à titre privé et évitent, de fait, à leurs usagers de s'en offrir une. Ce qui constitue une économie moyenne de plus de 480 euros par mois, selon l'estimation réalisée chaque année par l'Automobile Club de France. Pas sûr, donc, que les conseils d'Antonin Léonard soient suivis d'effets à l'heure où les augmentations des salaires, les vraies, s'annoncent minimalistes.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

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