Expatriation : bon plan pour les hommes, sacrifice pour les femmes

Ingrid Falquy

La mobilité à l’étranger d’un couple est bien souvent synonyme de sacrifice pour la femme, selon l’étude "Comment les couples conjuguent-ils deux carrières en expatriation ?".

L’expatriation est trop souvent synonyme de carrière sacrifiée pour les femmes, à en croire les chiffres l’enquête menée par Expat Value auprès de 3 000 personnes. 91 % des conjoints d’expatriés sont des femmes. Normal, puisque ce type de mobilité est davantage proposée aux hommes. Mais aussi parce que quand c’est aux femmes qu’on propose l’expatriation, deux tiers des maris refusent de partir. Et Les conjointes d’expatriées ne le font pas par manque de perspectives professionnelles, elles sont majoritairement surdiplômées, avec au moins un bac+4 pour plus de 70 % d’entre elles, et promises à une belle carrière. Carrière qu’elles mettent entre parenthèses.

Méconnaissance du marché de l’emploi local

Si 80 % des conjoints qui accompagnent cette mobilité souhaitent trouver un nouvel emploi une fois sur place, la moitié finit par abandonner. Trop dur. Au moment de faire le bilan, ils sont 62 % à penser que cela était une mauvaise, voire très mauvaise, expérience pour leur carrière.

Pourquoi l’expatriation constitue-t-elle un tel frein à la carrière des conjoints ? Dans l’ordre des raisons invoquées par les premiers concernés, on trouve : l’étroitesse du réseau, la barrière de la langue, la mauvaise connaissance des codes du marché local, des compétences qui ne correspondent pas au marché, une absence de visibilité sur la durée du séjour, le manque de reconnaissance des diplômes, la non-cohérence du profil, le manque de clarté dans les projets professionnels.

Se préparer à la difficulté

Faut-il alors renoncer à partir ? Pas du tout, selon Alix Carnot, directrice des carrières internationales chez Expat Communication, qui a mené l’étude.  « C’est une expérience enrichissante. Je conseille à fond de partir ». Elle recommande simplement aux femmes de partir en toute connaissance de cause. « Il faut lâcher-prise et se préparer longtemps avant le départ », indique-t-elle. Par exemple, en activant son réseau dans son pays d’origine, et en se renseignant sur le marché d’arrivée.

Mais surtout, elle explique que la décision doit être prise à deux et sur la base d’un couple solide. « On s’expatrie en équipe. C’est quand l’un force la main à l’autre que l’expatriation peut devenir une expérience négative », développe-t-elle.

Un effort de la part des entreprises

Alix Carnot plaide aussi pour que les entreprises fassent un pas vers ces couples. Il est encore trop considéré comme normal que femmes et enfants suivent le mari sans faire d’histoire. C’est pourquoi les maris accompagnant leur moitié sont plus aidés par la boîte de cette dernière. Leur sort est mieux pris en considération car ils sont considérés comme des exceptions.

L’experte émet quelques propositions pour endiguer ce problème de sacrifice professionnel auxquels sont confrontées les femmes d’expat, comme l’instauration d’un accompagnement des conjoints sur place par les entreprises, le remplacement des primes d’expatriation par des formations pour les accompagnants ou encore l’invention d’un congé au suivi.

Tags : Parité
Ingrid Falquy
Ingrid Falquy

Vous aimerez aussi :