6 entreprises sur 10 veulent recruter des cadres d'ici septembre
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6 entreprises sur 10 veulent recruter des cadres d'ici septembre

6 entreprises sur 10 veulent recruter des cadres d'ici septembre

Sylvia Di Pasquale

[Etude] Les intentions de recrutements des cadres restent très hautes, confirme l’Apec dans sa dernière note de conjoncture. Près de 6 entreprises sur 10 ont l’intention d’en recruter d’ici septembre, principalement pour combler des départs. Mais tous les métiers ne sont pas concernés. Cadremploi a interrogé un expert du marché, Laurent Da Silva, DG des cabinets de recrutement Spring et Badenoch + Clark, sur ces perspectives et les conséquences pour les candidats au changement.
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Pas de répit pour les recruteurs cet été. La dernière note de conjoncture de l’Apec* pour le 3ᵉ trimestre 2019 révèle que 57 % des entreprises ont l’intention de recruter au moins un cadre au 3ᵉ trimestre (+1 point en un an). La raison principale ? Il faut remplacer les départs, invoquent 58 % d’entre elles, à savoir les démissionnaires, les licenciés et les départs en retraite. C’est que le turnover a augmenté de 12 points en un an. « Le marché est bon et les candidats sont plus que jamais sollicités, observe également Laurent Da Silva, qui dirige les cabinets Spring et Badenoch + Clark, spécialisés sur les recrutements de cadres au sein du groupe Adecco. Aujourd’hui la mobilité crée la mobilité. »

Pour avoir une belle augmentation, mieux vaut changer d'employeur que de bouger en interne.

Les métiers les plus recherchés au 3ᵉ trimestre 2019

En tête des fonctions les plus recherchées, la fonction commerciale, première de la classe avec 43 % des intentions d’embauches. Mais il ne faut pas faire de contresens : « Sous le terme commercial, il y a tous les besoins des nouveaux canaux de distribution qui nécessitent des compétences digitales et pas seulement les traditionnelles compétences en vente », prévient Laurent Da Silva. Les entreprises sont en pleine transformation – numérique et organisationnelle – et les profils ciblés doivent accompagner ces mutations.

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En seconde position, les fonctions finance/gestion/administration continuent d’être en forte demande puisque 42 % des entreprises comptent recruter au moins un professionnel de la finance, du contrôle de gestion, de l’audit, de la comptabilité, du juridique, de l’administration ou de l’organisation.

Quant aux postes à pourvoir dans les services études et recherche  & développement, ils restent à un bon niveau puisque 34 % des entreprises ont des postes à pourvoir d’ici la fin du 3ᵉ trimestre.

On pourrait s’étonner que l’informatique n’arrive qu’en 4ᵉ position des postes proposés par seulement 30 % des entreprises. Mais Laurent Da Silva rectifie : « Les besoins existent mais les entreprises n'arrivant pas  à recruter, elles se tournent, par défaut, vers les ESN (entreprises de services numérique) qui font de l’outsourcing. » De plus, le CDI n’est plus la norme dans ces fonctions. « Seules les core team sont en CDI dans les services IT mais les projets sont gérés en outsourcing avec les ESN. »

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De plus, il ne faut pas confondre informatique et digital, rappelle Laurent Da Silva. Certains métiers du digital incluent des compétences techniques en informatique mais d’autres pas.

Culture, communication et RH : les sacrifiés

Si les commerciaux, comme la finance, la R&D et les services techniques sont plutôt bien lotis, il reste quelques perdants au grand loto du recrutement 2019. Car dans certaines fonctions, le marché est beaucoup plus tendu, faute de postes disponibles.

  • Les postes resteront rares en 2019 pour les fonctions communication et création puisque seules 7 % des entreprises prévoient d’en ouvrir.
  • Même marché pénurique à prévoir pour les cadres de la santé, du social et de la culture avec seulement 10 % d’entreprises qui pensent recruter à ces fonctions.
  • Plus curieusement, les fonctions RH n'auront pas non plus pléthore de postes à pourvoir. Seules 16 % d’entreprises pensent renforcer leurs effectifs en ressources humaines d’ici fin septembre. Curieux constat au moment où les entreprises recrutent comme jamais et ont besoin de professionnels pour cet exercice. Laurent Da Silva avance une explication à ce paradoxe  : « La fonction RH est de plus en plus diluée dans les activités, c'est pour cette raison que les entreprises ne cherchent pas à la renforcer. Tout le monde est un peu DRH. On évalue aujourd’hui les directeurs d’activité à leur capacité à attirer des talents, à les retenir et à les développer. Le peu de recrutements RH concerne des fonctions liées à de nouveaux métiers comme le travail sur la marque employeur ou l’intégration des nouvelles formes d’emploi ». La transformation de l’entreprise en passe par la transformation des RH.

Dirigeants : un marché moins caché ?

Il est une autre fonction quelque peu malmenée dans ces intentions de recrutement : les directions générales. Seulement 14 % des entreprises interrogées avouent être à la recherche d’un nouveau boss cette année. « Justement, coupe Laurent Da Silva, ce sont les seules qui l’avouent Et 16 % c’est déjà beaucoup. La plupart des entreprises ont du mal à reconnaître ouvertement qu’elles souhaiteraient remplacer leur direction générale ». De son coté, il a constaté que la réalité est bien plus importante, et que le turnover des boss a beaucoup augmenté ces dernières années, dans un marché plus ou moins caché.

Des salaires valorisés de 10 à 20 % en cas de changement d'entreprise

Reste que pour les fonctions stars, non cachées et non boudées, la pénurie de candidats sévit toujours. La faute à qui ? Principalement au problème de salaire : « il est difficile d’offrir des hauts salaires aux nouveaux et rares embauchés, en sachant qu’on va se mettre à dos ceux qui sont en poste et ne sont pas au même niveau de rémunération », observe Laurent Da Silva. Et pour ceux qui quittent leur poste en changeant d'employeur, « c’est 10 %, voire 15 à 20 % de salaire en plus », observe-t-il en s'appuyant sur les missions confiées par les recruteurs de cadres aux cabinets Spring et Badenoch + Clark.

Ecoutez son témoignage :

Une hausse des intentions d’embauche en baisse mais un record en vue

C’est donc la fête chez les cols blancs, même si ces scores historiques risquent de décrédibiliser les arguments des anti réformes du chômage et de la dégressivité des hauts salaires qui y est inscrite.

Pourtant, après ce plein soleil affiché, quelques nuages pourraient bien venir perturber l’avenir de l’emploi cadres. Car si la hausse des intentions d’embauches est bien réelle, et avec elle un taux de chômage au plus bas, de l’ordre de 3,8%, elle ralentit. C’est que le nombre de recrutements prévus a grimpé de 5% cette année par rapport à l’an passé, alors qu’il avait augmenté de 11% l’année dernière, comparé à 2017.

Malgré ce fléchissement, l’Apec prédit que la France atteindra la barre symbolique des 300 000 embauches de cadres en 2021. Comment ? En misant sur un scénario de « croissance stabilisée ». En gros, tout va aller pour le mieux si tout continue à ce train. Résultat : la hausse du nombre d’embauches devrait baisser l’an prochain et dans deux ans en se situant aux alentours de 3%, mais elle devrait permettre d’atteindre les fameux 300 000 recrutements d’ici 2021.

Une vision de cartomancien ? Pas forcément. Laurent da Silva est lui aussi de cet avis. « On va atteindre les 300 000 embauches, car l’on s’est aperçu depuis des années qu’il n’y a plus besoin d’atteindre 2% de croissance pour déclencher les embauches. Et puis, le cycle de transformation des entreprises est loin d’être achevé, » conclut-il.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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