
Un métier au cœur des problèmes
Florence Niox-Chateau a vraiment le virus des compétitions sportives. Cette année, elle fête son 10ᵉ Roland-Garros. Avant de travailler pour la FFT, elle a occupé des fonctions similaires pendant 15 ans sur le Tour de France. « Je ne me suis pas sentie dépaysée quand je suis arrivée à Roland-Garros car j’avais déjà une vue globale sur le fonctionnement d’un événement sportif », explique-t-elle.
Ce qu’aime par-dessus tout la directrice des opérations ? Régler les problèmes. Et ça tombe bien puisqu’elle se rend en permanence disponible, collée à son talkie-walkie et son téléphone, prête à résoudre les broutilles comme les crises. « On peut m’appeler parce qu’il n’y a plus de place sur un parking ou pour des problèmes qui peuvent avoir des conséquences plus graves. Une année par exemple, il y avait 15 000 personnes bloquées à l’entrée du stade. Plus personne n’avait d’autorité sur personne. Il a fallu trouver des solutions et vite », raconte-t-elle.
La difficulté la motive et c’est un peu l’ADN de son métier. Là où certains ne savent pas trancher, elle décide.
« Pendant tout le reste de l’année, je passe mon temps en réunion ou à écrire des processus. Alors Roland-Garros, c’est le moment où l’on teste tout ce qu’on a mis en place et on réajuste », précise celle qui gère aussi le Rolex Paris Masters, la Fed Cup et la Coupe Davis.
Chaque décision a un impact sur plusieurs métiers
Florence Niox-Chateau n’aime pas qu’on lui dise qu’elle est la cheville ouvrière du tournoi. « Je suis directrice des opérations mais je suis sans doute la moins opérationnelle. Des électriciens travaillent jusqu’à 2 heures du matin, eux ils sont vraiment sur le terrain », ironise-t-elle. En fait son métier, c’est surtout de la coordination d’équipe. « Je fais travailler ensemble des gens qui n’ont parfois pas de lien pour trouver des solutions pratiques », analyse-t-elle.
Pour faire ce métier, il faut être à l’écoute des autres. « Chaque jour je travaille avec des gens de corps de métiers différents comme le service logistique ou le business. Mais je n’ai aucun lien hiérarchique avec eux. Je dois prendre des décisions en faveur du tournoi en gardant à l’esprit que chacune de mes décisions aura un impact sur leurs métiers, explique-t-elle. C’est assez prenant car il faut avoir une vision globale sur tous les métiers et le fonctionnement d’un événement sportif ».
La manageuse est fatiguée par le tournoi mais ce n’est pas de la mauvaise fatigue. Elle est surtout investie et bourrée d’adrénaline. Trouver des solutions, aller au-delà des difficultés et surtout toujours s’améliorer, elle aime ça. « J’ai déjà fait un tour pour l’organisation du prochain Roland-Garros car l’aménagement du stade va changer », sourit-elle. Nous mettons 18 mois pour organiser le tournoi, mieux vaut s’y prendre à l’avance », plaisante-t-elle.
Une crise devient un meilleur souvenir
Quand elle ne gère pas les problèmes, la responsable des opérations se balade dans le village. « J’adore entendre la clameur des spectateurs. Parfois j’écoute aussi leurs commentaires pour comprendre leur parcours client et encore m’améliorer », raconte cette pro toujours à l'affût d'une amélioration.
Même si elle n’a pas le temps, elle pense aller voir la finale dimanche. « Avec des collègues, on va se trouver une place autour de l’écran, sur une terrasse mais pas sur le court car il est plein. Et je ne peux pas rester 3 heures, j’ai du boulot. »
Aller voir les sportifs ? Pas question. « J’ai beaucoup de retenu et de respect pour les joueurs, et puis nous avons un code de conduite à respecter », précise-t-elle.
Quand on lui pose la question sur son meilleur souvenir du tournoi, elle raconte un cauchemar pour le commun des mortels. « Il y a 4 ans, il pleuvait et on a dû annuler la finale de Roland-Garros. On a organisé dans des conditions réglementaires une finale un lundi pour 15 000 spectateurs en quelques jours. Quand j’ai vu Djokovic lever la coupe, j’étais tellement heureuse, se souvient-elle. Nous avions réalisé un vrai challenge en coulisses. »
