Même à retardement, la bombe fait son effet. Car c’est hier seulement que le ministère du Travail à livré ses statistiques du premier trimestre 2013. On y découvre, révélé par Le Monde, que 83% des recrutements réalisés par les entreprises de plus de dix salariés durant cette période étaient des CDD. Un taux qui grimpe à 86% si l’on y ajoute les TPE, selon la compilation des données de l’Acoss. Au sein de l’organisme qui collecte les charges patronales par le biais de l’Urssaf, on n’a jamais vu ça depuis la création de cette statistique en 2000. A cette grosse majorité de contrats à durée indéterminée, pas vraiment un signal de grand beau temps économique, vient se greffer un autre nuage noir : deux tiers de ces CDD ont une durée inférieure à un mois. Ils étaient au nombre de 3,7 millions au début de cette année, alors que l’Hexagone n’en comptait que 1,8 millions en 2003. Dix ans et une crise plus tard, le nombre de contrats très courts a doublé.
Des CDD courts qui explosent et des CDI stables
Mais ce déferlement de tout petits contrats de travail, signe du manque de foi des entreprises en leur avenir, ne remet pas pour autant en question la suprématie du CDI et des CDD longs. Ils sont restés stables au cours des dix dernières années. En 2012, 76,6% des actifs travaillaient en CDI, contre 8,5% en CDD, selon les données de l'Insee. Ces chiffres cumulés semblent dessiner une France du travail à deux vitesses : celle de la stabilité contre celle de la précarité. La seconde est bien évidemment la plus abonnée à Pôle emploi. Ainsi, 25 % des nouveaux inscrits sont en fin de CDD, contre moins de 3 % ayant bénéficié d'un CDI avant d’être au chômage. Un fossé encore plus accentué entre les catégories professionnelles. Selon l’Observatoire des inégalités, le taux de chômage des ouvriers atteignait 13% à la fin de l’an passé, contre 4% chez les cadres. Or, les fameux contrats de moins d’un mois touchent bien plus les premiers que les seconds.
Michel Holtz © Cadremploi.fr
