Premières victimes du chômage, les jeunes ? Sur ce terrain, il y a jeunes et jeunes. Alors que les derniers chiffres de Pôle emploi nous apprennent que la baisse du nombre de chômeurs en août a surtout profité à cette génération, fortement touchée par la crise sur le terrain de l'emploi, on peut se réjouir. Pour les mieux diplômés d'entre eux.
L'APEC nous l'apprend aujourd'hui : les jeunes dip' de la promo 2010 « ont profité de l'amélioration sensible du marché de l'emploi des cadres, particulièrement flexible à la faveur des retournements conjoncturels » dans le cadre de son étude annuelle sur l'insertion des jeunes diplômés. Huit mois après l'obtention de leur diplôme, plus de 70% des bac+4 et plus sont en poste ; ce qui est le cas de 78% des diplômés d'écoles d'ingénieurs et 76% de ceux issus d'écoles de commerce.
Certes, l'enquête a été menée au printemps, avant les soubresauts estivaux de l'économie. Et le frémissement à la baisse du nombre d'inscrits à Pôle emploi, en août, vu le contexte, n'est pas un indicateur de reprise.
Qu'en est-il aujourd'hui ? Manuelle Malot, directrice carrière et prospective de l'EDHEC, qui a organisé lundi le Forum EDHEC Finance Recruitment Fair, est catégorique : « Les grandes banques et cabinets de conseil que nous avons reçus n'avaient pas l'air catastrophés et ne nous ont pas annoncé de révision de leurs plans de recrutement. Alors qu'en 2008, ils nous avaient tout de suite annoncé l'arrêt des recrutements de nos diplômés en CDI. » Cette observatrice privilégiée de l'emploi des jeunes cadres, auteurs du Guide du recrutement international jeunes diplômés et hauts potentiels, confirme : « L'industrie, qui s'est déjà serrée la ceinture en 2008-2009, ne semble pas atteinte, le secteur du conseil nous envoie toujours autant d'offres. Pour l'instant, ce sont les banques qui nous inquiètent. »
Mais, du côté des jeunes diplômés de grandes écoles, « il n'y a pas lieu de parler de générations sacrifiées » par la crise. « Les jeunes restent protégés par leur diplôme et la plupart ne s'obstinent pas sur un marché qui ne recrute pas. Depuis le début de la crise, disons en 2008, les carrières impactées ont été celles de ceux qui ont refusé par exemple d'aller dans l'audit pour attendre les banques d'affaires, qui ne recrutaient plus, ou qui ont prolongé leurs études d'un an sans que leur projet ne le justifie... » Mais ils sont selon elles peu nombreux. Les jeunes diplômés, « optimistes », seraient « opportunistes dans le bon sens du terme » plutôt que résignés.
Marine Relinger @ Cadremploi.fr
