On va vers le mieux. La disparité entre les hauts et les bas salaires ? Elle s’est légèrement atténuée. Les participations, primes d’intéressements et autres plans d’épargne entreprises ? Elles se sont envolées. C’est du moins deux des enseignements tirés du rapport annuel « Emploi et salaires » de l’Insee, publié aujourd’hui.
Les chercheurs de l’institut y rapportent notamment les évolutions du gap entre les hauts et les bas salaires sur la période 1967- 2009. Surprise, le gap moyen a baissé de près d’un point. Voilà qui remet en cause pas mal de discours sur la hausse des inégalités ? « Sauf qu’on n’a étudié que les salaires des hommes, coupe Sophie Roth, chef du département emploi de l’Insee. Peut-être que si l’on avait ajouté ceux des femmes, les résultats auraient été différents ». C’est même fort probable, en raison du temps partiel notamment, une spécialité malheureusement trop féminine, et des disparités entre les salaires de femmes et ceux de ces messieurs, qui tournent toujours en moyenne autour de 20%. Reste que l’on se demande pourquoi les disparités masculines ont tendance à baisser. « C’est lié, en partie, à la stagnation des hauts revenus salariés, et à la légère augmentation du Smic. Surtout dans les années 90 et 2000 », analyse la chercheuse. Cette disparité atténuée serait aussi le résultat du modèle éducatif français. « La baisse des écarts de salaires a été amortie par l’augmentation du niveau moyen d’éducation de la population active » indique l’étude. La politique des diplômes à tous crins aurait donc porté ses fruits, contrairement à l’évolution observée dans d’autres pays, « comme le Royaume Uni et les Etats-Unis ou ces inégalités se sont creusés », précise Sophie Roth.
Participation, prime d’intéressement, plan d’épargne, pour 66% des cadres
L’Insee observe tout de même que cette fameuse disparité a tendance à augmenter au cours des carrières. De très faible en début de carrière, entre « petits » et « grands » diplômes, elle a tendance à augmenter au fur et à mesure de l’expérience. En raison notamment des promotions que les diplômés du supérieur semblent rafler plus facilement que ceux qui n’ont fait que de courtes études. De même, les formations continues semblent influer. C’est donc une prime au cadre que décrit l’Insee, puisqu’ils sont généralement plus diplômés que les autres, et qu’ils sont souvent favorisés en matière de formation.
Ils le sont également en ce qui concerne les participations, primes d’intéressements et plans d’épargne entreprises, toujours selon le rapport. Ces avantages touchaient 40% des salariés en l’an 2000, alors qu’en 2010, ils étaient 57% à en profiter. Et les cols blancs sont mieux pourvus que les autres, puisque 66 % d’entre eux en disposaient en 2010, contre 44 % des ouvriers et 42 % des employés « Ces dispositifs sont désormais obligatoires dans les entreprises de plus 50 salariés. Et ce sont celles qui emploient le plus de cadres ». On ne donne qu’aux riches ?
Michel Holtz © Cadremploi.fr
