La réforme du congé parental en débat au Sénat

Nathalie Alonso

La ministre des Droits des femmes Najat Vallaud-Belkacem défend aujourd'hui son projet sur l'égalité entre les femmes et les hommes au Sénat, avec pour mesure phare un meilleur partage du congé parental entre les pères et mères. Aujourd'hui, ce congé, qui peut être demandé jusqu’aux 3 ans de l’enfant, est pris par 97% des femmes. L'objectif du gouvernement est de faire passer le nombre d'hommes en congé parental de 18 000 actuellement à 100 000 d'ici la fin du quinquennat. Avec ce projet de loi, le gouvernement veut s'attaquer à "l'inégale répartition des responsabilités parentales" et lutter contre l'éloignement des mères du marché du travail.

Le congé parental : ce qui change

A partir du 1er juillet 2014, les parents d'un seul enfant, qui ont aujourd'hui droit à 6 mois de congé, pourront prendre 6 mois de plus à condition qu'ils bénéficient au second parent. Dès le deuxième enfant la durée du congé restera de 3 ans – comme aujourd’hui - à condition que 6 mois soient pris par le second parent. Dans le cas contraire, la durée maximum du congé parental sera raccourcie à deux ans et demi.

Dès le projet de loi connu, l'Unaf (union nationale des associations familiales) avait estimé que "dans les faits, la majorité des familles verra ses droits amputés de six mois" car "très peu de pères pourront prendre ce congé parental". Une enquête qualitative – sur un nombre restreint de familles -, publiée jeudi, l'a confortée dans son analyse. Selon l’Unaf, les pères perçoivent l'idée d'un congé parental de six mois comme "une prise de risque majeur" dans leur vie professionnelle tout en avançant des freins "sociaux et psychologiques".

"Une bonne chose" pour la majorité des Français

Cependant, selon un autre sondage Ifop pour le Service d'information du gouvernement et publié lundi, une large majorité (89%) de personnes voit d'un bon œil le fait de "mieux partager" le congé parental entre le père et la mère.

L'adhésion au principe de la réforme est plus forte chez les actifs de 35 à 64 ans (92%) et les fonctionnaires (94%) que chez les plus de 65 ans (82%) et salariés du privé (89%). Et plus le niveau de diplôme est élevé et plus la perception de ce droit est positive... mais jusqu'à un certain point.

Ainsi, un meilleur partage du congé parental est vu comme une bonne chose par 88% des personnes n'ayant pas le bac et 92% des Bac+2. En revanche, il retombe à 86% pour les diplômes supérieurs. Parmi les raisons invoquées pour expliquer le faible taux de succès du congé parental chez les pères : les entreprises n'aideraient pas suffisamment les hommes "pour qu'ils puissent s'impliquer dans leur vie de père" pour 56% des sondés.

Pour en savoir plus, voir notre dossier « Préparez votre congé maternité ou paternité »

Nathalie Alonso © Cadremploi.fr

Nathalie Alonso
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