28% des DRH confrontés au fait religieux en entreprise

Michel Holtz

Ce n’est ni un épiphénomène ni un problème, pas encore du moins. Mais la religion prend une place croissante dans les entreprises. Au point que, selon une enquête de Randstad et de l'Observatoire du fait religieux en entreprise (Ofre), 28% des 210 DRH français interrogés ont déjà dû gérer des questions liées au fait religieux au sein de leur organisation. Une moyenne qui oscille entre 43% pour l’Île-de-France, et 5% pour la Bretagne. En revanche, seuls 6% de ces cadres en ressources humaines ont eu affaire à des complications importantes, dans le cadre de ce type d’affaires. On est donc loin de la généralisation du cas de la crèche Baby Loup, qui s'était soldé par l’annulation du licenciement de son employée voilée. « Depuis, c’est comme si nous avions franchi une étape vers l’acceptation du fait religieux, suggère Abedl Aïssou, le PDG de Randstad. Nous sommes sortis des faux semblants. »

Pour 41% des DRH, les questions liées à la religion vont prendre de l'importance

Mais les questions liées au fait religieux dans l'entreprise (demande de temps de prière sur le lieu de travail, port de signes ostentatoires, refus de travailler avec une femme...) devraient prendre de l’importance dans les années à venir. C’est en tout cas ce que prédisent 41% des DRH. Et, au-delà de ces derniers, ce sont les managers de proximité qui risquent d’être confrontés à cette évolution. Aujourd’hui, seuls 20% des managers affirment ressentir un malaise devant ces questions. Ils sont tout de même 42% à se déclarer influencés dans leur manière de manager, lorsqu’ils y sont confrontés. « Il faut absolument les sensibiliser, les former. Car ce sont eux qui sont en première ligne », affirme le patron de Randstad qui rappelle que, dans sa propre entreprise, la démarche est déjà engagée.

Des formations, mais pas de loi

Les enquêteurs ne se sont pas contentés d’interroger l’encadrement. Et de s’apercevoir qu’une grande majorité d’employés sondés ignorent la religion pratiquée par leurs collègues. 68% d’entre eux déclarent ne pas la connaître, ou partiellement seulement. Lorsqu'elle est connue, cette pratique n’aurait aucune influence sur le travail. Elle aurait même, dans certains cas, un impact positif.

Autant de signaux positifs qui vont à l’encontre de certaines réactions suscitées par l’affaire Baby Loup, réclamant une législation en la matière. Une règlementation du fait religieux en entreprise dans la loi est d’ailleurs massivement rejetée par les sondés. Seuls 12 % des cadres RH, 2 % des managers et 16 % des employés la réclament. Le 21e siècle sera peut-être religieux, mais pas forcément conflictuel.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

Michel Holtz
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