Quand PSA et Renault font du zèle social

Michel Holtz

Deux annonces coup sur coup, chez deux frères ennemis de l'industrie automobile, dans le domaine social ? C'est beaucoup. Tellement que l'on se demande ce qui nous vaut tant de dialogue et de mesures ces temps-ci.

Du côté de Renault, l'annonce, hier, de la création d'un Perco (plan d'épargne retraite) a surpris son monde. L'entreprise est l'une des rares du Cac qui n'en disposait pas, malgré la réputation - certes datée - de laboratoire social qui lui collait aux pneus. Tellement qu'on était persuadés que le plan d'épargne faisait partie des habitudes de la maison depuis des lustres. Mais non. L'ex-régie va donc s'aligner sur les entreprises modernes.

Chez PSA (Peugeot - Citroën), ce sont les évaluations annuelles qui vont prendre un coup de jeune. Non seulement les managers des deux marques auront droit à une formation en e-learning pour mener plus efficacement ces fameux entretiens, mais, de plus, ils auront deux mois et demi pour les mener, au lieu des quatre à cinq semaines habituelles. L'industriel renonce aussi à sa note unique - et quelque peu arbitraire - qui classait les collaborateurs.

Mais PSA souhaite aussi introduire la notion du "comportement" dans ses barèmes d'évaluation. Même fondé sur un référentiel précis et adapté à chaque niveau de responsabilité, ce point risque d'agacer les partenaires sociaux. Enfin, dans cette nouvelle grille, apparaît aussi un critère lié à l'éthique. Bref, une volonté de transparence, de lutte contre l'arbitraire, qui semble répondre en creux aux propositions mises en avant par un récent rapport du Centre d'analyse stratégique (CAS).

Pourquoi ces mesures sociales sont-elles mises en place ces temps-ci ? Du côté de PSA, elles sont annoncées quelques jours seulement avant une réunion du comité d'entreprise du groupe, le 26 octobre. Et pour les syndicats, l'addition risque d'être douloureuse après les annonces pessimistes de leur PDG Philippe Varin lors du récente salon de Francfort. L'unité de production d'Aulnay-Sous-Bois est condamnée et celle située près de Valenciennes est en sursis. Les négociations avec le gouvernement s'annoncent serrées pour obtenir des accords de préretraite. Dans ce contexte, réactualiser les dispositifs d'évaluation annuelle pourrait être utile.

Chez Renault, en revanche, aucune fermeture n'est annoncée. Mais la grise mine du marché européen, en ce qui concerne la vente de voitures neuves, a poussé l'équipe de Carlos Ghosn a envisager le chômage technique. Et là encore, la direction du losange est obligée d'en passer par un accord ministériel. Et là encore, la mise en place d'un Perco pourrait amadouer quelque peu les politiques, qui devront trancher.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

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