Le Big Data recrute-t-il vraiment… en France ?

Elodie Buzaud

4,4 millions d’emplois liés au secteur des Big Data devraient être créés dans le monde d’ici 2015 d’après le cabinet d’études Gartner. Aux États-Unis, le nombre d’offres d’emploi explose déjà. En France, le gouvernement a lancé un « Plan Big Data » pour positionner le pays sur ce créneau hautement stratégique. Qu’en est-il sur le terrain ? Où en sont les recrutements ? Cadremploi a mené l’enquête.

Si le gouvernement espère la création de 10 000 emplois directs dans le Big Data d’ici 2018, les professionnels du secteur sont beaucoup plus mesurés. Le Syntec Numérique, prévoit la création de 2 000 postes de data scientist d’ici à 2018*. Surtout « dans les entreprises de services numériques, d’e-commerce, les métiers du web et dans la banque-assurance », précise Anne-Julie Ligneau, déléguée à la communication du principal syndicat du secteur.

« Pour l’instant, ça représente moins de 10 % de nos recrutements »

Quand on interroge les cabinets de recrutement spécialisés sur les projets actuels, les chiffres sont bien moins élevés. Clémentine, par exemple, ne compte que 12 postes à pourvoir dans les métiers du Big Data en ce moment, dont cinq chez Rakuten R&D à Paris. Des postes d’ingénieur senior Big Data et de Data scientist (voir encadré). C’est peu, mais « c’est six fois plus d’offres qu’il y a un an et demi », précise Emmanuel Stanislas, fondateur du cabinet. Chez Smart Talents, autre spécialiste du recrutement, on compte 11 offres d'emploi dans le Big Data ce mois-ci. Chez Robert Half, les besoins en pros du Big Data restent également minimes. « Ça fait deux ans, à peine, que l’on a des demandes de recrutement dans ce secteur, confie Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half Technologie, et pour l’instant ça représente moins de 10 % de nos recrutements ».

Data analyst et data scientist… quésako ?

Parmi les nouveaux métiers créés par le Big Data, deux sont particulièrement prisés : ceux de data analyst et de data scientist. Le premier développe les outils pour structurer, collecter, faire parler les données et les présenter sous un format simple (No SQL ou Hadoop). Le second manipule les données une fois la base exploitable pour faire remonter les informations susceptibles de favoriser la prise de décisions.

 

Pas plus de 10 experts en France

« Le problème, c’est qu’on ne compte pas plus de dix experts en France sur ces métiers ! », souligne Fabrice Coudray. Du coup, « on commence à regarder du côté des États-Unis pour définir des profils », ajoute-t-il. Martial Floucaud de la Pénardille, fondateur et Pdg du cabinet Smart Talents assure cependant répondre aux demandes de ses clients en proposant uniquement des ingénieurs français. « Les profils d’excellence sont néanmoins relativement rares », consent-il. Ils s’arrachent donc à prix d’or : entre 60 000 et 120 000 euros annuels. Ceci explique sans aucun doute pourquoi la Harvard Business Review a fait du métier de data scientist le job le plus sexy du 21ᵉ siècle… 

Des salaires annuels entre 60 000 et 120 000 euros !

Les profils étant très rares et les recrutements peu nombreux, les salaires s’ajustent encore au cas par cas dans le Big Data en France. Ils peuvent aller jusqu’à 120 000 euros annuels, selon Fabrice Coudray, directeur chez Robert Half Technologie. Mais en moyenne, ils évoluent entre 35 000 et plus de 75 000 euros, d’après la grille de rémunération dressée par le cabinet Urban Linker.

*CEP Numérique de juillet 2013.

Elodie Buzaud © Cadremploi

Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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