La légende veut qu’une femme qui en a bavé pour se hisser en haut de l’échelle en fasse voir de toutes les couleurs à ses collègues plus jeunes. Faux, dit une étude américaine relayée par le très sérieux site d’information dans sa version américaine The Huffington Post : d'après l’ONG Catalyst, 65% des femmes aidées par des pairs au débuts de carrière renvoient l’ascenseur en aidant à leur tour les collègues à avancer dans l’entreprise, contre 56% pour les hommes. Autre fait pas moins intéressant : 73% des femmes qui le font épaulent des femmes, contre 30% seulement chez les homologues masculins.
Pour cette ONG internationale, qui milite pour une meilleure place des femmes dans la sphère de l’entreprise, « aider les autres en développant le meilleur de leurs capacités est une partie intégrante d’un leadership réussi ». Divers moyens permettent d'ailleurs d’être épaulée dans l’accession aux hautes fonctions, que ce soit par le tutorat, le coaching ou les réseaux de femmes cadres. « Le mentoring se développe très fortement dans beaucoup d'entreprises. Et, dans ce cadre, les femmes marrainent volontiers des plus jeunes. Par ailleurs, lorsqu’il s’agit d’aider les filles d’une collègue à trouver un stage ou un premier emploi, là aussi, toutes les énergies féminines sont à l’œuvre ! », commente Emmanuelle Gagliardi, auteur de « Pouvoir(e)s : Les nouveaux équilibres femmes-hommes » et fondatrice du magazine de la réussite au féminin L/ONTOP.
Par ailleurs, donner un coup de main, ça paie toujours, et cela aussi les femmes le savent bien. « Développer les talents des autres génère plus de visibilité pour les hauts potentiels qui sont dans cette démarche, ce qui conduit à obtenir récompenses et reconnaissance pour cet effort particulier », rapporte l’ONG Catalyst, qui a basé son étude sur les témoignages de 742 diplômé(e)s de MBA.
Voilà qui secoue les idées reçues sur l'univers supposé impitoyable des executive women prêtes à tout pour écarter de potentielles rivales de leur chemin. "Etre la première permet de récupérer toutes les attentions et les lumières. Beaucoup ont savouré pleinement cet état de grâce jusqu'à ce qu’elles se lassent des réunions avec une tablée d’homologues uniquement masculins. Elles se sont donc tournées vers les plus jeunes, pour les aider à progresser dans leur carrière. En ce sens, il existe maintenant une vraie solidarité inter-générationnelle au féminin", analyse Emmanuelle Gagliardi, une spécialiste des réseaux féminins et également commissaire du salon Forum de la mixité en décembre 2012.
A mi-chemin entre le panier de crabes et le nid de vipères, les chercheurs dans les années 70 avaient versé dans la métaphore animalière pour décrire l’hostilité qui caractérise selon eux les femmes en situation d’ascension sociale dans un contexte où elles sont en minorité : le syndrome de reine des abeilles, en référence aux super pouvoirs de la maîtresse de la ruche sur ses petits sujets. Quarante ans après, la présidente de l’organisation Catalyst en est persuadée : l’étude « montre que les femmes aident activement les autres à réussir » et que « la notion que les femmes cadres sont atteintes du syndrome de reine des abeilles est enterrée».
Nathalie Alonso © Cadremploi.fr
