Un beau petit sourire, ça change tout, et c’est même essentiel dans certains secteurs commerciaux tels que l’hôtellerie-restauration. Mais que se passe-t-il quand un professionnel fait la g… au point de porter atteinte à la réputation d’un établissement de luxe, selon son employeur ? Le Conseil des Prud’hommes de Cannes vient de reconnaître que le licenciement d’une salariée accusée par son employeur d’être désagréable puisqu’elle ne souriait pas à la clientèle était "sans cause réelle et sérieuse" selon l’article L 1232-1 du Code du travail. "Les juges ont estimé que les motifs du licenciement ne reposaient pas sur des éléments objectifs. Pour cela, ces derniers doivent être vérifiables objectivement et imputables au salarié", rappelle Me Chrystèle Raumel-Demier, avocate en droit social chez Vaughan Avocats.
L’histoire de Nadine, la plaignante, se passe à deux pas de la Croisette, à Cannes. Cette maître d’hôtel embauchée en 2008 au Sofitel Méditerranée, et déléguée CGT 2003, a connu des démêlés avec son employeur au point de porter plainte contre lui en avril 2004 pour harcèlement moral et discrimination syndicale. Elle a été licenciée un mois plus tard. Motif principal évoqué par l'employeur : une attitude désobligeante vis-à-vis de la clientèle, à laquelle elle ne souriait pas.
Seulement voilà, l'inspecteur du travail – compétent dans le cadre du licenciement d'un salarié protégé – a estimé que ce "défaut de sourire" ne constituait pas une faute d'une "gravité suffisante pour justifier le licenciement" de la salariée. Suite à cela, le ministère de l’Emploi a donné raison au Sofitel en novembre 2004, estimant au contraire que l'attitude de la salariée, attestée par les courriers de deux clients, était une faute suffisamment grave, "eu égard au niveau élevé des prestations offertes par l'hôtel".
Après 8 ans de débats, les Prud’hommes de Cannes ont finalement suivi la décision de la cour administrative d’appel de Marseille. Cette dernière avait quant à elle estimé que l’employeur ne démontrait pas que le manque d'amabilité supposé de la salariée était un comportement habituel de sa part, de nature à porter atteinte à l'image du restaurant et à entraîner une désaffection de la clientèle.
Nathalie Alonso © Cadremploi.fr
