A priori, rien de bien nouveau du côté du stress. Dans cette énième enquête réalisée par OpinionWay pour les éditions Tissot, la surcharge de travail apparaît comme le premier facteur de stress pour 43% des salariés interrogés. Ce dont on se doutait un peu. Comme on imaginait bien que la pression hiérarchique était bien placée dans les raisons de ce mal-être au travail, avec 41% des suffrages.
« En revanche, ce que l’on découvre, c’est l’incursion de la vie privée dans la sphère professionnelle, explique le sociologue Ronan Chastellier. Il apparaît que 50% des salariés sont stressés par des problèmes personnels qu’ils emportent au travail ». Les difficultés financières du foyer et la gestion du budget au quotidien sont ainsi pointés du doigt par 49% des interrogés. Mais aussi les contraintes de la vie de famille (39%), les transports (25%) ou encore les relations avec le conjoint. Une problématique assez nouvelle, « car auparavant, on était plutôt dans la situation inverse, où les salariés emportaient leur stress professionnel chez eux ». Un retournement de situation qui n’est pas toujours envisagé par les dirigeants d’entreprises, peu enclins à s’immiscer dans la vie privée de leurs collaborateurs.
Une nouvelle donne qu’ils devront prendre en compte, comme ils sont en train de s’apercevoir de l’entrée en lice du stress dans les négociations salariales. C’est l’autre enseignement de cette enquête. Comme le remarque Ronan Chastelier, « on est dans l’ère de la conversion monétaire du stress » : 12% des sondés ont déjà utilisé cet argument auprès de leur employeur pour obtenir une augmentation. Pour le sociologue, cette attitude est le fruit de la montée du psychologisme à tout crin dans le grand public, « avec toute la littérature qui va avec et qui se porte très bien. Aujourd’hui, afficher son stress devient presque une nécessité. C’est politiquement correct. » Au point où un cadre joyeux, bien dans sa peau, qui gère parfaitement son temps sans être hyper-actif pourrait paraitre suspect. Et rater une promotion ou une augmentation ?
Michel Holtz © Cadremploi.fr
