Le temps partiel est accessible aux deux sexes ? 82,5% de ces emplois concernent en tous cas des femmes. Le temps partiel est ouvert à tous les diplômés ? 25% des salariés peu, ou pas diplômés, travaillent de cette manière. Le temps partiel est destiné à toutes les tranches d’âge ? La majorité de ceux qui y ont recours correspond à des jeunes et des seniors. Dans le constat qu’il vient de dresser de ce phénomène, le Conseil économique peint un tableau plutôt sombre de cette pratique (cf. rapport du CESE "Le travail à temps partiel"). Et en décrypte le succès et, surtout, les effets : des salaires horaires inférieurs à ceux des temps pleins, des creux entre deux cessions de travail qui empêchent parfois ceux qui sont employés à temps partiel d’exercer une autre occupation, mais le Conseil revient aussi sur le mythe du temps partiel choisi. Cette notion « prête en partie à confusion : le temps partiel choisi l’est dans l’environnement social existant. Certaines femmes qui ont choisi de travailler à temps partiel préféreraient travailler à plein temps s’il existait des modes de garde plus nombreux et de qualité. Le temps partiel choisi est ainsi choisi sous contrainte », note François Milewski, économiste à l’OFCE et rapporteur de cette étude.
Les stéréotypes encouragent le temps partiel au féminin
Ce souci du mode de garde des enfants renvoie aux bons vieux stéréotypes de la femme chargée de les élever, et qui fait que 44,2% des salariés « parcellaires » sont des femmes vivant en couple avec trois enfants, contre 26,6% d’entre elles vivant aussi en couple, mais sans enfants. Des stéréotypes que l’enquête aligne pour les dénoncer, car ils ne sont pas seulement le fait des salariés, mais aussi des employeurs. Notamment dans les secteurs qui utilisent le plus ce type de contrats, comme la distribution, la propreté et la garde d’enfants, « ou les employeurs sont persuadés que les femmes sont prédisposées à les exercer », note encore l’économiste.
Freiner la progression du temps partiel
Aujourd’hui, les salariés à temps partiel sont 4,2 millions en France, alors qu’ils étaient trois fois moins nombreux dans les années 70. Alors le CESE tente d’alarmer les pouvoirs publics et leur livre quelques pistes pour freiner cette progression. Et le Conseil de conseiller au gouvernement de mettre en place quatre mesures pour y parvenir. En commençant par taxer plus sévèrement la pratique pour la rendre dissuasive. Mais aussi en fixant des quotas pour ceux qui en abusent et en privilégiant la formation des personnes en temps partiel. Enfin, le rapport préconise de promouvoir les groupements d’entreprises susceptibles de se « partager » les salariés. Le rapport émet le vœu que ces suggestions deviennent « une priorité de la politique publique ». Mais l’inversion des chiffres du chômage, souhaitée par le gouvernement, passe aussi par les temps partiels. Pas sûr, du coup, que la volonté de les freiner devienne réellement une priorité.
Michel Holtz © Cadremploi.fr
