L’embauche de cadres repart en pente douce, mais pas pour tous

Michel Holtz

Petit à petit, le marché de l’emploi des cadres rebondit. Selon l’Apec du moins. L’Association pour l’emploi des cadres prévoit 174 000 embauches de cols blancs en 2015 soit 3 % de plus que l’an passé. Mais avec des évolutions contrastées selon les secteurs.

L’année 2014 avait déjà connu un sursaut de 4 % par rapport à 2013. Si tout se passe comme prévu, l’année 2015 pourrait bien finir parmi les trois meilleures années depuis 2000 pour les embauches de cadres. Inutile pour autant de se reposer sur les lauriers d’une reprise incertaine : on est encore loin des scores de 2007 qui avaient atteint 208 200 recrutements. Mais c’était avant la crise. Et cette dernière n’a pas fini de frapper certaines catégories de cadres et certains secteurs d’activités.

Hors des services, peu de salut

Ils représentent 70 % du total des embauches prévues : les services sont toujours les meilleurs pourvoyeurs d’emploi, et en premier lieu, l’informatique, le conseil et la banque-assurance. Du moins, ces secteurs aimeraient être le premier employeur. Car ils sont confrontés à une pénurie de professionnels du digital bien formés qui sévit depuis plusieurs années. Un domaine dont les services sont friands. Et la légère reprise ne va pas arranger leurs affaires. Du coup, dans ces branches, comme dans d’autres, les renoncements sont nombreux. Selon une enquête du groupe d’intérim Adecco publiée au mois de décembre, une entreprise sur deux abandonne ses recrutements en cours faute de combattants. Voilà qui pourrait doucher quelque peu les prévisions de l’Apec. D’autant que dans les autres secteurs, l’embellie n’est pas franchement au programme. L’industrie, hormis l’aéronautique, n’est toujours pas sortie de son atonie. Et les 2 000 recrutements prévus chez Renault cette année concernent très peu de cadres. Même attentisme dans les transports, la logistique et le BTP qui, comme l’automobile, attendent toujours une hypothétique reprise dans l’Hexagone. Le commerce, quant à lui, réussit enfin à stabiliser ses effectifs, donc à recruter quelque peu, après plusieurs années néfastes. Pour eux, la crise n’est pas encore terminée.

Juniors et seniors exclus de l’embellie ?

Mais il est un autre signe qui démontre la persistance du marasme économique. Les entreprises qui embauchent, cherchent encore et toujours des cols blancs immédiatement opérationnels, histoire d’économiser le temps et l’argent nécessaire à leur formation. Une tendance qui ne fait pas l’affaire des jeunes diplômés. Selon l’Apec, les prévisions d’embauches les concernant ne devraient pas dépasser 36 000. Une hausse, certes, depuis 2014, mais plutôt faible, puisque 35 200 avaient trouver entreprise à leur pied l’an passé. Quant aux seniors, ils sont toujours délaissés et ne devraient représenter que 5 % des recrutements. Bien sûr l’Apec, qui ne souhaite pas déprimer son monde, tente de le rassurer. En précisant que les recruteurs « pourraient revoir leurs exigences et, in fine, recruter davantage de seniors et de débutants ». C’est fort possible pour les jeunes diplômés bien formés, surtout dans le numérique. Mais en ce qui concerne les seniors, aucun signe tangible ne vient encourager une telle possibilité.

Mieux vaut donc, encore et toujours, disposer d’une expérience comprise entre 1 et 10 ans pour se glisser parmi les 174 000 embauches prévues cette année. Mieux vaut, aussi, habiter en Ile-de-France puisque, toujours selon les prévisions de l’Agence, la région parisienne devrait représenter à elle seule, 84 480 embauches. Soit la moitié de l’ensemble des recrutements de cadres en 2015. 

Michel Holtz
Michel Holtz

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