Ils sont déroutants les 1 050 cadres du privé interrogés par l'Apec (Agence pour l'emploi des cadres). Super confiants pour leur entreprise, ils se déclarent, à l'inverse et dans leur majorité, super inquiets en ce qui concerne la situation économique et le marché de l'emploi.
Pour eux, la crise actuelle est plus forte que celle de 2008 et leur propre foyer sera touché. Ils prévoient même une perte du pouvoir d'achat à l'intérieur de leur famille. Cette dichotomie entre leur vie quotidienne et celle de leur entreprise est au centre du baromètre semestriel que l'Agence livre aujourd'hui même. Mais est-elle contradictoire pour autant ?
En fait, nos cols blancs sont on ne peut plus pragmatiques. Le taux de chômage des cadres avoisine les 5% quand celui des autres catégories de chômeurs est proche du double. Ils le savent, leur emploi est moins menacé que celui de leurs collègues non cadres. Et comme le notent les enquêteurs de l'Apec, ils ont « une meilleure connaissance des enjeux concrets de leur entreprise, donc in fine un niveau de confiance plus élevé ».
Quant au pouvoir d'achat qu'ils estiment en baisse, même à titre personnel, on peut en attribuer la raison aux augmentations de salaires minimalistes prévus cette année. C'est pourquoi, sans doute, 38 % seulement des interrogés disent avoir de l'estime pour la politique RH de leur boîte.
Une hausse de salaire maigrelette et des opportunités extérieures qui existent toujours : cela ne suffit pas pour autant à pousser nos cols blancs à la mobilité. Celle-ci est en recul de 4 points par rapport au précédent baromètre, pour stagner à 31 %. Un fait justifié par la peur de la crise qui sévit. Partout sauf dans leur propre entreprise, évidemment.
Michel Holtz © Cadremploi.fr
