Les cadres se font désirer

Sylvia Di Pasquale

Selon le dernier baromètre Cadremploi - Ifop, 45 % des cadres français sont ouverts aux opportunités extérieures. Mais, plein emploi oblige, ils font les difficiles.
Les cadres se font désirer

Ils se sentent super bien. Mais n’ont rien contre le fait de se sentir encore mieux. Ailleurs si possible. Sauf que, finalement, ils ne sont pas si mal là où ils sont. Le bon vieux malaise des cadres ? Le stress ? Les journées à rallonge ? Même pas peur. Pour la majorité des cols blancs interrogés à l’occasion de ce 17ᵉ baromètre Cadremploi - Ifop*, tout va bien.

 

Une expression de bien-être

79 % d’entre eux se sentent bien dans leur boite et 24 % parmi ces derniers s’y sentent même très bien. Leurs missions ? 50 % les jugent intéressantes, et ils sont presque aussi nombreux à apprécier l’ambiance au boulot. Bien sûr, il faut toujours un peu contraster le tableau, ils ne sont que 43 % à trouver le juste équilibre entre vie perso et vie pro. Mais l’optimisme règne largement malgré ce léger nuage.

Il règne bien au-delà de leur seule personne. Car 72 % des cadres interrogés estiment que le marché de l’emploi cadres en général est très favorable. Un chiffre en hausse de 17 points par rapport à l’an passé, et qui a même augmenté de 25 points par rapport à 2016. Un enthousiasme somme toute logique puisque les embauches de cadres n’ont jamais atteint de tels sommets (214 800 l’an passé et 225 000 prévues en 2018 selon l’Apec). De plus, le taux de chômage des cols blancs atteint son plancher historique en ce début d’année avec seulement 3,5 %.

 

Aller voir ailleurs ? Oui mais

Évidemment, une situation aussi idyllique devrait donner des idées d’ailleurs. Les cadres sondés ne s’en cachent pas. 45 % d’entre eux se disent « ouverts aux opportunités professionnelles » selon les termes consacrés. Mais leur désir de mobilité ne décolle pas. Les « ouverts aux opportunités » sont moins nombreux d’un point, tout comme ceux qui ont entrepris des démarches active pour changer de boîte. Ce qui n’empêche pas 59 % des cadres interrogés de consulter des sites d’offres d’emploi. Une valse-hésitation ? Plutôt une lucidité de la part des cols blancs qui leur permet d’avoir pleinement conscience de leur valeur sur le marché du travail. Une valeur que les entreprises semblent de plus en plus avoir prise en compte. Choyer ses cadres reste le meilleur moyen de les conserver. Un message qui semble reçu 5/5 par ces derniers qui moins qu’avant souhaitent s’en aller.

 

Réformer le statut cadre ? Oui mais

Cette valeur que les cols blancs se reconnaissent, ils la reconnaissent également à leur statut très franco-français et très particulier. Or, les réformes du travail étant lancées, ce statut cadre est débattu. Et la réforme prévue effraie les interrogés, même si, et c’est un paradoxe, 73% d’entre eux la jugent nécessaire. C’est même une opportunité pour 61% des sondés. Ces derniers considèrent que c’est le moment ou jamais de mieux définir leurs conditions de travail. Peur de changer de statut, mais envie de l’améliorer ; peur de changer de job mais envie de progresser ; les cadres sont plus que jamais tiraillés. Mais plus que jamais persuadés d’être au centre du marché.

 >> Lire aussi : Le statut cadre va-t-il être ventilé façon puzzle ?

* Etude réalisée par l’Ifop pour Cadremploi sur un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population cadres sous contrat de droit privé, interrogé selon la méthode des quotas du 10 au 18 janvier 2018.

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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