
Chief happiness officer ? Ce métier vous dit quelque chose. Sans surprise, cette nouvelle fonction vient tout droit des États-Unis, et plus particulièrement des start-up de la Silicon Valley. L’idée a fait des émules en Europe. En 2013 en Belgique, la DRH de la sécurité sociale remplace son titre par "directrice du bonheur". Elle est élue DRH de l’année dans son pays grâce aux excellents résultats de son entreprise. Si on est loin d’être dans une tendance lourde, on voit de plus de plus de responsables du bonheur, de chief happiness officer ou de captain happiness, apparaître dans des organisations françaises, l’occasion de se demander s’il s’agit simplement d’un coup marketing ou si ces nouvelles appellations donnent un coup de fouet aux fonction RH.
L’objectif de ces professionnels : assurer le bien-être des collaborateurs et leur donner envie de s’engager dans le développement de leur entreprise qui garantira la performance de la société. Et quand on sait que seul 11%* des salariés sont engagés dans leur entreprise, l’idée n’est pas si farfelue. Et ce ne sont pas les start-up qui en auraient le plus besoin. Certaines PME ont nommé leur chief hapiness officer et dans ce type d’organisation, son action doit aussi aider à simplifier l’administration souvent jugées trop complexe. Christophe Bergeon cofondateur de ZestMeUp, une application de discussion entre salariés et équipe dirigeante, explique que pour assurer le bien-être des collaborateurs, « le responsable du bonheur doit faire sauter les verrous d’une organisation qui possèdent trop d’échelons hiérarchiques. Parfois on peut compter 15 niveaux et cela freine les initiatives individuelles ».
« Il faut redonner des valeurs à l’entreprise pour que le collaborateur ait envie de s’engager »
De quoi donner l’envie à certains de généraliser le chief happiness officer à de nombreuses entreprises en France. D’autant plus qu’il permet d’attirer les nouveaux talents. Jonathan Azoulay fondateur d’Urban Linker, un cabinet de recrutement web de 140 salariés, expliquait que le feel good management (ou chief happiness officer) « n’est pas seulement une manière de gagner en productivité, mais aussi une façon de rallier à lui des spécialistes en informatique archi-courtisés par des entreprises plus riches et plus grandes ». Mais encore faut-il avoir la bonne culture d’entreprise pour garder ces talents dans l’entreprise. Frantz Gault directeur de LBMG Worklabs nous dit qu’« il faut redonner des valeurs à l’entreprise pour que le collaborateur ait envie de s’engager ».
Les valeurs sont donc la clé de voute des entreprises selon le directeur de LBMG et le chief happiness officer a pour mission de les diffuser à tous les collaborateurs, par exemple à travers des ateliers qu’il organise. Charline Auguste, project manager & captain happiness chez SpeachMe décline la valeur "reveal talent" (révéler son talent) à travers des séances de théâtre d’improvisation données entre midi et deux par un collaborateur passionné de théâtre. L’objectif est de partager sa passion avec les autres collaborateurs. L’entreprise Allo Resto quant à elle développe l’action solidaire. La chief happiness officer, Nathalie Forestier, encourage les collaborateurs à soutenir une association comme Action Contre la Faim en faisant un don.
Le "Lab" d’Allo Resto pour développer des projets professionnels ou personnels
Le chief happiness officer aménage l’espace et le temps de travail pour permettre aux collaborateurs de s’engager plus. Allo Resto a mis en place "le Lab" dans lequel les collaborateurs peuvent développer des projets pour l’entreprise ou pour eux-mêmes. Ou encore SpeachMe a créé des happy comity, des réunions pendant lesquelles les idées des collaborateurs pour améliorer le fonctionnement de l’entreprise sont discutées. « Nos collaborateurs ont dernièrement choisi de mettre en place des visioconférences avec leur collègues américains pour améliorer leur anglais, » confie la captain happiness, Charline Auguste.
Les soirées d’entreprises au planning
Si le chief hapiness officer n’est pas un responsable apéro, les soirées et événements d’entreprise sont bien au programme. Dans une récente offre d’emploi postée par Bouygues Bâtiment Île-de-France, une des missions du responsable du bien-être est d’organiser des événements internes (petit-déjeuner, déjeuner mensuel avec la Direction Générale, célébration des anniversaires etc.). Nathalie Forestier d’Allo Resto va plus loin et organise chaque année durant deux jours à Londres, la World Party qui réunit tous les collaborateurs internationaux de l’entreprise pour qu’ils s’affrontent sur des épreuves sportives et artistiques.
Chief happiness officer un métier qui exige des compétences et du temps
Tout le monde ne peut pas être chief happiness officer. Cette profession exige des compétences particulières, mêlant à la fois des qualités de management et de communication interne, ainsi que d’indispensables talents de psychologue.
À l’image de Charline Auguste chez SpeachMe qui assure des fonctions de project manager et de captain hapiness, les chief hapiness officer ont une double casquette. Mais, « dans tous les cas un choix devra s’opérer entre les deux postes, affirme-t-elle. L’entreprise va grandir de plus en plus et il va me falloir davantage de temps pour mener à bien mon action. Pour mon développement personnel et professionnel, il se pourrait que je choisisse de me consacrer uniquement au rôle de happiness captain car il y a encore beaucoup de choses à faire pour améliorer la vie en entreprise. ».
*étude Gallup sur l’engagement des salariés, 2012
