Pendant que la France s’écharpe sur la question du nombre et le profil des immigrés à accueillir ou à refouler, l’Allemagne fait déjà campagne pour attirer ceux dont elle manque. Ursula von der Leyen, la ministre du travail outre-Rhin, a inauguré hier deux sites Internet destinés, pour le premier, à mettre en avant les emplois pénuriques et, pour le second, à vanter la douceur de vie allemande tout en livrant des astuces administratives pour faciliter l’entrée des étrangers. Pour le pays, c'est une nécessité : « il manquera à l’Allemagne, en 2025, jusqu'à six millions de personnes en âge de travailler », rappelle Ursula von der Leyen.
Les anti-germanistes primaires, plutôt en vogue ces temps-ci, pourraient en conclure que nos cousins de l’autre côté du Rhin sont à la recherche de main d’œuvre sous-qualifiée, d'un petit personnel apte à exercer des professions que les Allemands eux-mêmes dédaignent. Pas du tout. Les métiers en question ne sont nullement des ein euro jobs, ou jobs à un euro (puisque le smic n’existe pas en Allemagne). Ce sont, à l’inverse, des métiers très qualifiés, dans l’informatique, les télécoms ou la médecine, a précisé la ministre.
L'Allemagne souffre d’un vieillissement accéléré, son taux de natalité est parmi les plus bas des pays occidentaux. En outre, le chômage y plafonne à 6,7% alors que la France frôlera bientôt les 10%. Une conjonction qui pousse les autorités à s’ouvrir aux cadres et aux jeunes diplômés venus d’ailleurs. Et en premier lieu, du sud de l’Europe. Le nombre d’immigrés venus de Grèce a explosé depuis deux ans. Ils sont aujourd’hui 90% de plus. Quant au nombre de travailleurs venus d’Espagne, il est en hausse de 52%. Mais l'afflux des qualifiés ne semble pas suffisant. Ce qui fait dire à Philipp Rösler, le ministre de l’Economie, s’adressant à tous les étrangers, y compris aux extras européens, qu’ils « sont sincèrement les bienvenus ».
Michel Holtz © Cadremploi.fr
