Les Français toujours aussi nuls en anglais ?

Marion Senant

Année après année, la France s’enfonce dans le classement EPI (English Proficiency Index) qui mesure le niveau d’anglais dans près de 40 pays différents. Nenad Djokic, directeur général France du groupe Education First, qui réalise ce palmarès décrypte ce résultat décevant.
Les Français toujours aussi nuls en anglais ?

 

Une bonne maîtrise de l’anglais est devenue un élément indispensable sur un CV. Tout le monde en convient. Et pourtant… la France ne cesse de reculer dans le classement EPI. Une étude réalisée chaque année par le groupe Education First, spécialiste du voyage linguistique, dans le monde entier. Avec une note de 51,84, la France se place à la 37ᵉ place sur 70 dans l’édition 2015, contre 52,69 point et une – déjà faiblarde – 29ᵉ place en 2014, qui s’explique notamment par l’entrée de nouveaux pays dans le classement. Pire ! Nous possédons le niveau de compétence le plus faible parmi tous les pays évalué dans l’Union européenne !

« Ces huit dernières années, le niveau d’anglais des Français a stagné, constate Nenad Djokic, alors que d’autres pays, eux, ont largement progressé ! ». Si les pays d’Europe du Nord (Suède, Pays-Bas, Danemark, Norvège, Finlande) squattent toujours le top 5 mondial, l’indice EPI 2015 révèle que certains de nos proches voisins ont su nettement améliorer leurs performances ces dernières années. « Il y a huit ans, la Pologne avait un niveau d’anglais "faible", comme la France, rappelle le directeur général de la branche française d’Education First, elle est aujourd’hui dans le top 10, avec un niveau de compétence "très élevé" ».

Un lien entre niveau d’anglais et croissance économique

L’Espagne, elle, fait largement mentir le proverbe « parler anglais comme une vache espagnole », le pays se classe à la 23ᵉ place du palmarès 2015. Lors de la première édition de l’EPI, qui cumulait des données récoltées entre 2007 et 2009, le niveau d’anglais des Espagnols était considéré comme "faible" et inférieur au nôtre… De quoi se poser quelques questions sur la manière dont nous abordons l’apprentissage de la langue de Shakespeare. « Il y a une prise de conscience individuelle de l’importance de parler anglais dans une carrière, analyse Nenad Djokic, mais c’est comme s’il y avait un blocage au niveau collectif ».

Et il pourrait y avoir des conséquences à moyen et long terme : incontournable dans les échanges internationaux, il contribuerait à la croissance économique d’un pays. EF fait ainsi un parallèle entre le niveau d’anglais d’un pays et son PIB depuis plusieurs années et observe une corrélation entre les deux indicateurs.

Prendre en main sa formation

On a tendance à dire qu’avec les langues étrangères, tout se joue dans l’enfance. L’Espagne a ainsi mis en place un large programme de classes bilingues dans tout le pays dès 2004 qui commence visiblement à porter ses fruits. Mais pour les générations qui sont déjà entrées sur le marché du travail, rien n’est perdu pour autant. À condition d’accepter d’investir dans sa formation. « Il faut prendre l’initiative de se former sur son temps libre », préconise Nenad Djokic. Cours en ligne, cours du soir ou même séjours linguistiques à l’étranger, les formules sont multiples, mais elles demandent en premier lieu un engagement personnel.

Côté finances, l’investissement est également nécessaire, mais des aides au financement existent. Après un gros retard à l’allumage, le CPF (Compte personnel de formation) prend désormais en charge les formations en anglais, « à condition qu’elles débouchent sur un diplôme ou une certification », rappelle Nenad Djokic (voir les formations en anglais éligibles au CPF).

*Les données de l’EPI ont été calculées sur la base des résultats de 910 000 candidats ayant passés les tests d’anglais EF en 2014.

Marion Senant
Marion Senant

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