
Au commencement, il y a une idée. Avant de devenir une entreprise rentable, une start-up n’est, par définition, qu’une structure qui teste un concept sans pour autant gagner d’argent. Participer à son développement, c’est donc être suffisamment sûr de soi et passionné par ce que l’on fait au quotidien pour accepter de travailler beaucoup, sans impact immédiat sur sa fiche de paie. C’est aussi être conscient que l’échec de l’entreprise est plus vite arrivé que dans une structure qui existe depuis des décennies. Un manque de sécurité qui convient peu aux cadres et notamment aux plus jeunes : 89 % d’entre eux, âgés de moins de 40 ans, ne souhaitent pas travailler dans une jeune pousse, selon les résultats d’une récente enquête* Ipsos pour HEC au féminin qui sondent la trajectoire professionnelle des cadres.
David contre Goliath : le remake
« Seuls les mieux armés en capital naturel et économique, parmi les diplômés de grandes écoles ou les cadres expérimentés, sont prêts à travailler en start-up », indique Dominique Lévy-Saragossi, directrice générale France chez Ipsos. Seuls les plus diplômés et les plus expérimentés sont séduit par l’environnement technologique et innovant des start-up. Une attirance expliquée par leur aisance financière et leur plus grand réseau professionnel qui leur permet de prendre plus de risques sur le plan professionnel.
Entre salaires négociables, perspectives d’évolution, primes, CE, tickets restaurant, locaux, équipement dernier cri, salle de sport ou salle de sieste, difficile pour les autres, moins bien lotis,de ne pas céder aux sirènes sécurisantes des grandes entreprises. Résultats, 58 % des répondants préfèrent travailler dans un grand groupe. Mais les start-up gardent un certain répondant et peuvent faire pencher la balance en leur faveur.
D’abord, elles recrutent : 94 % des start-up ont déclaré vouloir embaucher en 2016 selon les résultats du 5ᵉ baromètre EY sur la performance économique et sociale des start-up numériques en France. Parmi elles, la moitié concerne des programmeurs et des développeurs. Un tiers concernent des profils commerciaux et marketing. Surtout, elles embauchent en CDI : la communauté de start-uppers comptent actuellement 92 % de salariés à durée indéterminée. Enfin, les jeunes pousses françaises sont plutôt fiables économiquement. Leur taux de défaillance (2,25 %) est plus bas que la moyenne de l’ensemble des défaillances françaises, située à 2,54 %**.
Des cadeaux financiers pour engager les salariés
Aux salaires attractifs des grandes entreprises, les start-up répondent stock-options, actions gratuites et bons de souscription de parts de créateurs d’entreprise (BSPCE). Ce dernier acronyme n’est pas un gros mot, il est utilisé par 70 % des jeunes pousses en France. Les BSPCE ne sont rien de plus qu’une distribution gratuite d’une partie du capital de l’entreprise aux employés. Au bout de 12 mois, ils en disposent comme ils veulent et peuvent choisir de les revendre et de réaliser ainsi une plus-value. Travailler dans une start-up c’est donc parier sur le succès d’une entreprise et se sentir concerné par le business qu’on fait pousser.
Plus de sens dans le travail ?
Très douées pour draguer les candidats, ce ne sont pourtant pas toujours les grandes entreprises qui assouviront la quête de sens au travail recherchée par les jeunes générations. Certes, quelques-unes s’engagent pour plus d’équilibre entre vie pro et vie perso, mais qu’en est-il du sens ? Dans les équipes de grands groupes, le millefeuille hiérarchique laisse moins de liberté aux salariés. Les projets sont plus lents à voir le jour, ce qui peut devenir une source de frustration pour les cadres. Résultats, on n’a jamais autant entendu parler de bonheur et de quête de sens au travail. Parce que nombre de cadres choisissent un emploi qui garantit leur sécurité mais ne satisfait pas leurs attentes, ils finissent par réaliser que l’épanouissement remplace le besoin de sécurité dans la liste des priorités. « Ce n’est que lorsqu’on a plus faim que l’on commence à s’intéresser à la qualité de ce que l’on mange », illustre à juste titre Dominique Lévy-Saragossi.
Certes, travailler dans un environnement allégé des process traditionnels ne convient pas à tout le monde. Mais les cadres de moins de 40 ans boudent les start-up sans doute par méconnaissance de leur fonctionnement libéré. De par leur taille réduite, elles sont toutes plus agiles, fournissent des responsabilités plus élargies et offrent aux salariés, le luxe d’observer le résultat de son travail plus rapidement. Trois points clés pour plus de sens au travail.
* Enquête quantitative menée en ligne du 30 août au 7 septembre 2016, auprès d’un échantillon de 501 personnes âgés de 25 à 65 ans et représentatifs de la population cadres en France, et auprès de 178 anciens élèves d’HEC âgés de 25 à 65 ans. Ces enquêtes ont été accompagnée de 18 entretiens qualitatifs.
**Chiffre Coface, Février 2015.
