49% des diplômés depuis moins de 3 ans sont en recherche d'emploi

Sylvia Di Pasquale

Leur déprime est à la hauteur de leurs difficultés. Parmi les jeunes ayant obtenu leur diplôme depuis moins de trois ans, près de la moitié d’entre eux déclarent chercher un emploi nous apprend  le 3ᵉ baromètre de « L’humeur des jeunes diplômés », mené par l’Institut Ifop pour le cabinet Deloitte (1). Et le tableau que ces jeunes dressent du marché du travail est tout aussi sombre que leur moral. Ils se déclarent à 68% défiants vis-à-vis des employeurs et 57% n’espèrent même plus pouvoir décrocher un emploi dans les 6 prochains mois.

Un découragement compréhensible, étant donné l’allongement du temps de recherche de ces jeunes pourtant équipés d'un diplôme de Bac à Bac+5. Il est de 22 semaines en ce début 2014, alors qu’il ne dépassait pas 15 semaines à la même période en 2013. Pire, ils ne décrochent pas davantage d’entretiens d’embauche : seulement 3 rencontres en moyenne tandis que 4 jeunes sur 10 n’en obtiennent même aucune. « Cet indicateur nous a un peu secoué, commente Jean-Marc Mickeler, le DRH de Deloitte. Il illustre à lui seul le durcissement des tensions sur le marché de l’emploi des jeunes diplômés. » Sans surprise, les jeunes diplômés au chômage déclarent se heurter au manque d’annonces correspondant à leur profil (56%) mais aussi aux recruteurs qui ne prennent même pas la peine de leur répondre (48%) et, toujours selon eux, à la faiblesse de leur réseau professionnel (43%).

Les jeunes diplômés en poste plus « chanceux »

Evidemment, ceux qui sont en poste, ont une vision un peu plus colorée de leur avenir. « Les jeunes installés en entreprise se considèrent sans doute chanceux et sont probablement plus indulgents envers leur employeur, » analyse Jean-Marc Mickeler. Ils sont néanmoins 46% à se déclarer méfiants envers ceux qui les emploient. Autre aveu plus nouveau qui dégoupille certains discours consensuels sur « la quête d’un travail qui a du sens » de la génération Y, seul un quart des jeunes en poste le voit comme une source d’épanouissement personnel, tandis que  62% considèrent que c’est avant tout un moyen de gagner sa vie. « Ce qui frappe, c’est leur vision utilitaire de l’emploi,» s’étonne Jean-Marc Mickeler.

Des envies de départ durable

Alors les jeunes diplômés rêvent-ils d’ailleurs ? Seuls 8% de ceux qui sont en poste envisagent une expatriation. « Une fois intégrés, ils ne veulent plus partir. C’est une bonne nouvelle pour nous employeurs, » se réjouit le DRH de Deloitte. Il reste que plus d’un quart des jeunes en recherche d’emploi  (27%) est prêt à faire ses bagages. Et pas seulement pour un passage éclair  à l’étranger : quatre sur dix y envisagent une installation durable, avec une prédilection (langue commune oblige) pour le Canada. Une manière de fuir ce qu’ils conspuent chez nous : l’état du marché de l’emploi, bien sûr, pour 63% d’entre eux, mais aussi un environnement politique et social dégradé, dans 54% des cas.

(1) Etude réalisée du 9 au 18 janvier sur un échantillon de 1001 personnes, représentatif des jeunes ayant achevé leurs études, titulaires d’un diplôme de niveau Bac à Bac +5 depuis moins de 3 ans et en poste ou en recherche d’emploi dans le secteur privé. Les interviews ont eu lieu par questionnaire auto-administré en ligne (CAWI - Computer Assisted Web Interviewing).

Michel Holtz et Sylvia Di Pasquale © Cadremploi.fr

Sylvia Di Pasquale
Sylvia Di Pasquale

Je suis rédactrice en chef de Cadremploi depuis 2006, en charge de la rubrique actualités du site. Je couvre des sujets sur la mutation des métiers, l'évolution des rapports recruteurs/recrutés, les nouvelles pratiques managériales ou les avancées de la parité. A la fois sous forme de textes, d'émissions video, de podcasts ou d'animation de débats IRL.

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