Burn-out : les syndicats tirent la sonnette d'alarme

Michel Holtz

Pas une semaine ne se passe sans que le stress, le burn-out et leurs conséquences ne viennent troubler l’actualité. Cette fois, c’est le SNTRS-CGT (Syndicat national des travailleurs de la recherche scientifique) qui tire la sonnette d’alarme. Et de s’inquiéter « de la survenue, pour le seul mois de janvier, de trois suicides de personnes travaillant dans des laboratoires et l’administration du CNRS ». Evidemment, la direction rappelle qu’aucun de ces décès n’est survenu sur le lieu de travail. Mais à la série s’ajoute un autre suicide, survenu en 2013 au sein de l’INRA, un autre institut de recherche prestigieux. Dans le même temps, l’UFML (Union française pour une médecine libre), l’un des syndicats des médecins libéraux, estime que 40% des médecins sont sujets au burn-out et a appelé ses adhérents à apposer un voile noir dans leur cabinet tout au long de la journée de mardi.

Les cadres silencieux, sujets au burn out

Autant d’alertes viennent bien évidemment alourdir le dossier, déjà très lourd, de ce phénomène qui toucherait, selon une étude récente, 12,6% des actifs français, dont les cols blancs. Le sociologue Denis Monneuse s’est penché sur le cas de ces derniers, et leur souffrance, dans un ouvrage à paraître dans quelques semaines, inititulé « le silence des cadres »*. Selon lui, « c’est justement ce silence qui peut conduire au burn-out », un mal dont on sait aujourd'hui identifier les différentes phases et le contexte favorable au burn-out. Un silence lié à un taux de syndicalisation des managers proche de zéro, mais pas seulement. « Les cadres n’ont pas l’habitude de protester envers leur hiérarchie, leur carrière en dépend ». Et ils gardent pour eux les rancœurs et déconvenues tout au long de leurs (trop longues) heures de travail « avant de les exprimer dans la sphère intime, avec toutes les conséquences néfastes.» Pour remédier à cette spirale, Denis Monneuse est radical. « Il faut supprimer le statut cadre. Au moins pour tous ceux qui n’encadrent pas ». Une manière, au moins, de supprimer le forfait jour et ses horaires à rallonge. Pas sûr que la pression et les objectifs diminuent pour autant. Et que le stress s’envolera dans le même temps.

* «Le silence des cadres – enquête sur un malaise » de Denis Monneuse aux éditions Vuibert. En vente le 20 mars.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

Michel Holtz
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