Nouvelle méthode de recrutement : tester un job avant de quitter le sien

Elodie Buzaud

Pour être sûr de s’attirer des talents qui se sentent bien chez eux, la start-up américaine Automattic a inventé une période d’essai d’un nouveau genre. Révolutionnaire.

Les recruteurs cherchent de plus en plus à tester les candidats avant de les embaucher. Ils ont ainsi recours aux tests de recrutement, pour évaluer leurs attitudes et leurs personnalités. Certains s’essayent au recrutement par simulation, jeu de rôle dans lequel le candidat doit faire face à une situation classique du travail pour lequel il postule. D’autres les mettent dans la peau du pro qu’ils cherchent grâce à des jeux vidéo et quelques sociétés lancent des défis pour tester les compétences des candidats. Une entreprise va encore plus loin : elle a institué "l’essai" à mi-temps et rémunéré pour dénicher de nouveaux talents, comme le relate l’édition française du magazine Harvard Business Review dans son numéro d’octobre-novembre 2014.

Des essais de 3 à 8 semaines, payés 25 dollars de l’heure

Chez Automattic, start-up américaine d’édition de logiciels (dont Wordpress), tous les candidats sont mis à l’épreuve. Pas pour de faux, comme c’est le cas avec les méthodes de recrutement par simulation, mais en vrai. Si leur CV est retenu, et que l’entretien via Skype s’est bien passé, Matt Mullenweg, le fondateur et PDG de la petite société leur propose de travailler, 3 à 8 semaines pour lui, à raison de 10 à 20 heures par semaine et rémunéré à un tarif unique, 25 dollars de l’heure. Pas besoin de démissionner, ces heures peuvent être effectuées quand le candidat le souhaite, y compris le soir et le week-end.

40 % des candidats testés recrutés

Supervisés par un salarié d’Automattic, les prétendants travaillent sur de vrais projets, pour de véritables clients, avec d’authentiques collègues. De quoi évaluer leurs compétences in situ, et vérifier que celles affichées en entretien d’embauche sont bien réelles. Si l’opération se passe bien, le candidat achève son parcours de recrutement par un dernier entretien, une discussion textuelle sur Skype avec le PDG. Depuis la mise en place de ce dispositif, 40 % des personnes ayant été testées ont été recrutées. En 2013,  sur les 101 personnes recrutées, seules 2 ne sont finalement pas restées, soit un taux d’échec avoisinant les 1,98 %. Un record d’efficacité, quand on sait que 13,3 % des personnes recrutées en CDI ne sont pas confirmées à l’issue de la période d’essai dans le cadre d’un recrutement traditionnel*.

*d’après une étude statistique sur le taux d’échec du processus d’embauche dans les secteurs concurrentiels, réalisée par le cabinet de conseil en organisation Mozart Consulting, en partenariat avec le groupe Inventage, spécialisé en conseil en performance économique.

Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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