Outre-Atlantique, les recruteurs préfèrent les narcissiques

Elodie Buzaud

En France, les recruteurs n’apprécient guère les candidats qui baratinent, se surestiment et parlent beaucoup (trop) d’eux. En Amérique du Nord, c’est tout l’inverse : en entretien d’embauche, les narcissiques ont l’avantage.

Les travaux de recherche menés ces dernières années sur l’entretien d’embauche ont montré qu’il existe 5 stratégies pour réussir. L’autopromotion, la flatterie, l’illustration (de vos propos par l’exemple), la supplication (la recherche des bonnes grâces du recruteur à grand renfort de sourires et de contacts visuels) et enfin, l’intimidation. L’efficacité de ces différentes tactiques varie notamment en fonction du pays dans lequel vous postulez. Il s’avère qu’en Amérique du Nord, la meilleure repose en grande partie sur l’autopromotion. Les candidats les plus "moi je", les plus narcissiques et ouvertement vantards séduisent davantage les recruteurs que les postulants plus modestes.

Souriants, flatteurs et beaux parleurs

C’est une étude de l’Université de Colombie britannique du Canada dévoilée début juin 2014 qui nous l’apprend. Sur 72 étudiants participant à l’étude, les plus narcissiques (évalués grâce au test Narcissistic Personnality Quiz) ont le mieux réussi l’exercice de l’entretien d’embauche. Ces derniers n’ont pas peur d’exagérer leurs connaissances, faisant, par exemple, mine de savoir à quoi le recruteur fait référence alors qu’il invente… Débordant de confiance en eux, ils n’hésitent pas à plaisanter et à complimenter leur interlocuteur. Leur gestuelle va de pair avec leur discours : ils regardent le recruteur dans les yeux et sourient franchement.

Une question de mentalité ?

« Normalement, les gens sont choqués par un tel comportement », écrit Delroy L. Paulhus, l’enseignant chercheur en psychologie en charge des travaux, mais « l’entretien d’embauche, est l’une des rares situations sociales où l’attitude narcissique et la vantardise créent une impression positive. » Peut-être, parce que dans ce contexte, les Américains y voient davantage le culot, qui va servir l’entreprise, plutôt que la mégalomanie, pas toujours facile à vivre au quotidien ?

Elodie Buzaud © Cadremploi

Elodie Buzaud
Elodie Buzaud

Le travail et l’écologie sont mes thématiques de prédilection. En tant que journaliste indépendante, je cherche notamment à répondre aux questions que posent ces deux sujets pour mieux comprendre comment le travail, et les travailleurs, peuvent contribuer à la transition écologique.

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