Pas de conflits mais des irritations entre jeunes et seniors au boulot

Michel Holtz

On les oppose toujours. Les seniors seraient en guerre ouverte avec la génération Y. Sauf que ce conflit n’en serait pas un. Du moins selon l’étude toute fraichement livrée par la Cegos. Selon l’organisme de formation, tout va bien, ou presque : tout ce petit monde n’a aucune difficulté à travailler ensemble, selon 92% des DRH interrogés, 82% des seniors et 72% des jeunes.

Mais en creusant un peu plus profondément, on s’aperçoit tout de même qu’un petit fossé sépare les générations. Car nos jeunes ont quelques reproches à faire à leurs aînés, et vice-versa. En vrac, 73% des 20-30 ans trouvent que les seniors ont des difficultés à appréhender les nouvelles technologies et 61% qu’ils ont du mal à s’adapter au changement. En plus, une large majorité des DRH sondés sont plutôt de cet avis eux aussi. Pour leur part, les seniors nourrissent également des griefs envers les jeunes. 68% des premiers trouvent que les seconds manquent de savoir-vivre et de courtoisie, et 54% des 50-60 ans reprochent aux Y leur manque d’engagement dans le travail.

Pas de conflits mais des irritations

Un conflit de génération réel qui ne veut pas dire son nom ? Annick Cohen-Haegel, manager du pôle « capital humain » chez Cegos joue les juges de paix. « Ce sont de simples irritations. Du même type que ceux que les seniors ressentent chez eux avec leurs enfants jeunes adultes. » Il est vrai que les uns et les autres trouvent des qualités aux seconds comme aux premiers. Les seniors admirent le dynamisme des jeunes qui, quant à eux, louent l’expérience, la prise de recul et la facilité à résoudre les problèmes des anciens Surtout, et toujours selon cette étude, les deux générations s’accordent sur bien des points. « Les uns comme les autres souhaitent être mieux reconnus dans l’entreprise et veulent progresser dans leur carrière » a constaté Annick Cohen-Haegel. Une progression qui passe aussi par une meilleure rémunération. Une revendication qui rassemble tout le monde.

Le contrat de génération majoritairement rejeté

Mais si la reconnaissance, comme la progression ne sont pas encore les attentes les mieux entendues par les DRH, ces derniers sont 81% à estimer que les seniors sont une richesse, de par leurs compétences qui seraient, selon eux « déjà bien partagées ». Une simple déclaration d’intentions qui n’engage que peu celui qui la livre ? Sauf qu’elle semble (en partie) corroborée par les premiers concernés : les 50-60 ans. 41% d’entre eux estiment que leurs aspirations sur leurs conditions de vie au travail sont bien prises en compte. Ils n’étaient que 26% en 2010 dans ce cas. Les différents accords et mesures signés et prises depuis lors n’y sont pas pour rien.

Mais il est une règlementation qui ne trouve grâce aux yeux de personne, ni des DRH, ni des seniors, ni des jeunes : c’est le contrat de génération. Seuls 2% des directeurs des ressources humaines jugent que c’est une bonne initiative. Un score qui monte à 18% chez les seniors mais reste très minoritaire. « C’est un dispositif qui arrive après de nombreux autres et les DRH croulent déjà sous les législations, analyse la responsable de Cegos. Et puis, c’est un dispositif qui court sur trois ans. Une durée qui en temps de crise est considérée comme à ultra long terme quand les entreprises naviguent à vue. » Une perte de confiance compréhensible de la part des employeurs, mais beaucoup moins de la part des seniors, puisque il y a près d’un an, avant le lancement du dispositif, 56% d’entre eux, selon un autre sondage croyaient en sa réussite. Les sondages passent, les dispositifs aussi.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

Michel Holtz
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