Comment la génération Y perçoit le travail

Michel Holtz

On la savait plus détachée des valeurs "traditionnelles" de l’entreprise... La fameuse génération Y des 20-30 ans, auscultée une fois de plus (cette fois dans le cadre d'une étude menée par l'Observatoire  du Cegos), enfonce le clou. Pour 90% des Y interrogés, c’est la famille qui arrive au premier rang de leurs priorités, suivie, pour 55% d’entre eux, par les amis. Le boulot, lui, n’arrive qu’en 3ᵉ position avec 51% des voix.

« Attention, précise Virginie Loye, manager de l’offre RH de l'organisme de formation Cegos, le terme « Amis » recouvre une notion très large. Il s’agit du réseau qui, par la cooptation, permet  aussi de trouver du boulot ». Une acceptation plutôt facebookienne du terme, donc, qui n’empêche pas les Y de prendre bel et bien leurs distances avec le monde de l'entreprise.

La précarité rencontrée  au cours des premières années d’exercice professionnel de cette génération y est sans doute pour beaucoup. Car, toujours selon l’étude, seuls 39% des sondés sont en CDI. Quant au CDD, il concerne 38% d’entre eux, soit 10 points de plus que la moyenne européenne. La faute à la rigidité du code du travail français ? « Possible. D’ailleurs au Royaume-Uni, le taux de CDI atteint 62% », rapporte le commanditaire de l'enquête, qui porte sur 5 pays européens*. Sauf qu’en Angleterre, la souplesse de la législation, si elle permet un accès simplifié au CDI, permet un accès tout aussi simple à la porte de sortie. Autre précarité.

Cette difficulté d’insertion des 20-30 ans n’explique pas, pourtant, leur peu de volonté de prendre des responsabilités managériales au sein de l’entreprise. Seuls 22% des jeunes français aspirent à encadrer une équipe (il s’agit la du meilleur score européen, puisque la moyenne au sein des 5 pays étudiés s’établit à 15%). « C’est l’image du manager qu’il faut peut-être remettre en question », note Virginie Loye. Contraintes, stress, marge de manœuvre étroite et rémunération pas toujours folichonne sont autant de critères qui font que les Y se demandent si le jeu en vaut la chandelle. Ce refus de l’obstacle explique, en partie, le très mauvais résultat français en ce qui concerne la part de managers issue de cette génération : ils sont 23% à diriger une équipe dans l'Hexagone, soit le pire score d’Europe. Les Italiens et les Espagnols font mieux, avec, respectivement, 35 et 32% de jeunes aux commandes.

Une situation d’autant plus curieuse que les DRH se disent conscients de l'apport du management différent que cette génération peut apporter. Un encadrement fait de proximité, d’ouverture et d’acceptations des critiques, selon le Cegos. Globalement, les DRH interrogés seraient 96% à juger positivement l'apport de ces managers Y. Il ne reste plus qu'à les embaucher.

* Méthodologie de l'étude : l’Observatoire Cegos a interrogé 3.000 jeunes actifs de 20 à 30 ans et 500 DRH dans cinq pays européens: Allemagne, France, Espagne, Italie et Royaume-Uni, au mois de mai 2012.

Michel Holtz © Cadremploi.fr

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